Canal corridor écologique | Newsletter 05 | mars 2021
   
 
La renaturation des berges du canal en aval et en amont de Bruxelles

Berges du canal en région bruxelloise
En région bruxelloise, le canal traverse une zone fortement urbanisée. Ses berges sont en grande partie des murs verticaux en pierre, brique ou béton. S'il existe également plusieurs berges dont la pente est recouverte de gazon et de plantes diverses, celles-ci, au niveau de l’eau, retrouvent leur aspect minéral et vertical. La végétation rivulaire des milieux humides (roseaux, iris,...) n’a donc que très peu de chance de pouvoir s’installer à ces endroits.
La structure des berges et l’absence de végétation aquatique et semi-aquatique qui en découle explique en bonne partie la qualité écologique plus que moyenne du canal, puisque cette végétation est nécessaire pour le développement d’une faune variée et nombreuse (poissons, crustacées, mollusques,...).

Des exemples diversifiés en Région flamande

Entre 2002 et 2007, à 5km de la frontière régionale, sur une zone s’étendant sur 2km entre le pont Brûlé et le pont de Humbeek-Sas, la Région flamande a procédé à la renaturation de berges en rives droite et gauche du canal maritime Bruxelles-Escaut. En amont de Bruxelles, à Lot sur le canal Charleroi-Bruxelles, une zone fut également aménagée.

Une pré-berge a à chaque fois été construite afin de créer une étroite bande d’eau peu profonde, entre le canal et la rive, protégée (tout comme la berge) des vagues causées par la navigation et permettant ainsi à la faune et la flore de se développer dans une zone de quiétude. Certaines de ces pré-berges sont faites de pierres entre lesquelles la végétation peut se développer. Des liaisons entre le canal et la zone de quiétude sont prévues à intervalle régulier afin d’assurer le passage de la faune aquatique, via des tuyaux ou d’autres dispositifs.

© Instituut voor Natuur- en Bosonderzoek - INBO
A Grimbergen, cinq zones différentes de berges et pré-berges ont été aménagées. Pour la zone 1, s’étendant sur 100m en rive droite, la pré-berge a été réalisée à l’aide de blocs de gabions. Sur la zone 2, également longue de 100m, une partie du revêtement des berges en dur fut ôtée, et à ces endroits la berge creusée de manière à obtenir une berge plus naturelle, avec une pente plus légère. Pour la zone 3 (100m), le long de berges non indurées, de simples palplanches métalliques furent enfoncées afin de créer une séparation avec le chenal, avec trois passages de 1m de large. La zone 4a, en rive gauche, s’étend sur une longueur de 1100m. la pré-berge est faite de moellons et est percée d’un tuyau tous les 50m. Enfin, la dernière zone (4b) comparable à la précédente s’étend sur 600 m, en rive gauche également, avec des aménagements plus développés.

Zone 4a, Grimbergen
© Instituut voor Natuur- en Bosonderzoek - INBO
A Lot, à 6km au sud d’Anderlecht, l’aménagement occupe un espace plus limité puisqu’il s’étend seulement sur une longueur de 150m. La berge originelle a été creusée afin d’obtenir une pente plus progressive et pour permettre à une végétation variée de s’y développer. La pré-berge a été construite à l’aide de blocs de pierre, où les interstices permettent à la nature de reprendre ses droits.



Zone 4a, Grimbergen © Instituut voor Natuur- en Bosonderzoek - INBO


Quel impact sur la biodiversité?

En 2017, l’Instituut voor Natuur- en Bosonderzoek publiait un rapport d’une étude mené en vue d’évaluer l’impact sur la biodiversité de ces aménagement de berges et de pré-berges, que ce soit au niveau de la végétation rivulaire qui a pu s’y développer, mais aussi de l’impact sur le développement des populations de poisson. En ce qui concerne la végétation, les résultats sont contrastés, avec des zones où les saules sont largement dominants, d’autres zones dominées par les roseaux, et enfin des zones ou une végétation plus diversifiée a pu se développer. Concernant les populations de poisson, les résultats sont positifs, en particulier pour les espèces les plus sensibles, qui trouvent dans ces zones des espaces de tranquillité où se développer et se reproduire. Au total, vingt-trois sortes de poisson y ont été inventoriées.

Berge à Lot © Instituut voor Natuur- en Bosonderzoek - INBO
Le rapport de cette étude souligne également qu’un travail d’entretien (fauchage, dragage) et de surveillance est nécessaire afin de veiller à ce que ces nouveaux biotopes conservent leur potentiel pour la biodiversité. Il souligne aussi l’importance de l’hétérogénéité des aménagements afin d’augmenter le potentiel d’une faune et d’une flore variée: variation de la profondeur de l’eau, de la structure de la berge, de la vitesse du courant,...

Il faut enfin mentionner la contribution de cette végétation rivulaire à l’amélioration de la qualité de l’eau du canal. En effet, plusieurs plantes semi-aquatiques, comme le roseau, l’iris ou encore la massette ont la capacité d’éliminer des pollutions biodégradables mais aussi chimiques comme l’azote, les métaux lourds ou encore les phosphates. Elles permettent d’augmenter la concentration en oxygène dans l’eau, qui est indispensable pour la vie des poissons et de nombreux macro-invertébrés. Même si sur le plan chimique et physique la qualité de l’eau du canal est généralement bonne, cet apport des plantes reste important car le canal subit toujours des pollutions ponctuelles sérieuses, à l’occasion de déversements du trop-plein de certains collecteurs d’eaux usées, en cas de fortes pluies.

Des possibilités en Région bruxelloise?

Les potentialités pour de tels aménagements en Région bruxelloise sont évidemment limitées. En effet, plusieurs tronçons du canal sont déjà très étroits et doivent être préservés pour permettre le passage des bateaux. L’activité de chargement et de déchargement de matériaux occupe également une part non négligeable des rives du canal. Dans la partie centrale, où les berges de pierre s’élèvent verticalement sur plusieurs mètres, et où les rives sont fortement urbanisées, le restructuration des berges semble aussi fort difficile voire illusoire.

Bassin de Batelage, Anderlecht
Pourtant, en certains endroits, l’activité portuaire est absente, le canal plus large, les berges moins hautes et recouvertes en partie de végétation. C’est le cas au bassin de Batelage à Anderlecht, sur les rives duquel de nombreux citadins aiment venir se promener, et où une belle variété d’oiseaux aquatiques est régulièrement présente, attirés probablement par la quiétude des lieux. La navigation y est par ailleurs moins importante que sur la portion nord du canal. Des berges renaturées amélioreraient certainement la valeur paysagère de ce bassin, la qualité de son eau, ainsi que sa biodiversité.

Escaut sans Frontières, mars 2021

Source: Ecologische opvolging van plasbermen langs het Kanaal Brussel-Schelde, het Kanaal Charleroi-Brussel
en het Kanaal Leuven-Dijle, Instituut natuur- en bosonderzoek, 2017
https://www.vlaanderen.be/publicaties/ecologische-opvolging-van-plasbermen-langs-het-kanaal-brussel-schelde-het-kanaal-charleroi-brussel-en-het-kanaal-leuven-dijle
 

Retour vers le sommaire >