Canal corridor écologique | Newsletter 05 | mars 2021
   
 
Gestion durable des eaux et biodiversité chez Elia, entre Senne et canal

Elia, quai L. Monnoyer © M. Wauters
Gestionnaire du réseau de transport d’électricité en Belgique, la société Elia s’est également imposée des objectifs environnementaux, entre autre sur le plan de la gestion durable des eaux et du développement de la biodiversité. Son site situé le long du canal à Bruxelles, au quai Léon Monnoyer, occupe un espace de près de 9400m². En cas de pluie, cette surface reçoit donc une quantité d’eau non négligeable que l’entreprise retient in situ via deux dispositifs. Le bâtiment qui se déploie en forme de V occupe une part importante du site, mais les espaces verts y sont aussi encore bien présents.

Récupération et utilisation de l’eau de pluie

Le canal, face au site d’Elia
Si la qualité chimique et physique de l’eau du canal à Bruxelles est relativement bonne, elle subit encore des pollutions ponctuelles, parfois importantes, notamment en cas de fortes pluies. Lors d’averses soutenues, afin d’éviter les inondations, les trop-pleins d’eaux usées des collecteurs se déversent en effet directement, via quelques déversoirs, dans la voie d’eau mais aussi dans la Senne. Si ces eaux usées sont diluées par la pluie, elles restent néanmoins chargées de pollutions diverses qui ont un impact négatif sur la qualité de l’eau et la vie aquatique.
Une solution pour diminuer la fréquence et l’ampleur de ces déversements problématiques est de retenir l’eau de pluie là où elle tombe, au niveau de la parcelle, et ce afin de réduire la quantité d’eau claire s’écoulant inutilement dans les égouts et collecteurs.

Cette récupération au niveau de la parcelle est mise en œuvre par Elia au quai Monnoyer. Les eaux s’écoulant sur les toitures y sont récupérées et stockées dans 3 citernes d’une capacité de 20.000 litres chacune, enterrées sous le bâtiment. Les eaux de pluie tombant sur le sol sont dirigées vers un plan d’eau (lagunage) de 1700m², qui reçoit également les trop-pleins des citernes. Ces dernières alimentent l’ensemble des sanitaires des bâtiments. Cette eau est entre autre utilisée pour les toilettes, l’arrosage des plantations ou encore le nettoyage.

Système de détection des fuites © Elia
Ces aménagements permettent donc aussi de limiter fortement le gaspillage d’eau potable, pour des usages pour lesquels cette eau n’est pas nécessaire. De plus, divers dispositifs réduisent encore la consommation, comme un matériel économe en eau dans les sanitaires et un compteur intelligent permettant de détecter les fuites et les consommations excessives, par le contrôle du débit de l’eau.



Epuration naturelle des eaux usées

En Région bruxelloise, les eaux usées sont acheminées par les collecteurs jusqu’à deux stations d’épuration (STEP), à Haren et Forest. Pourtant, le site d’Elia au quai Monnoyer n’est relié à aucune de celles-ci. Etant donné l’absence quasi-totale de réseau d’égouttage à proximité du bâtiment, Elia a en effet décidé d’épurer ses eaux usées à même le site, de façon autonome, via un procédé différent de celui traditionnellement mis en œuvre au niveau des STEP, la phythoépuration, dans lequel des plantes et des micro-organismes se chargent d’éliminer les polluants.

Lagunage © Natagora
Les eaux grises (lavabos, lave-vaisselles, douches,...) et les eaux de toilette sont d’abord acheminées vers une fosse sceptique où les particules en suspension dans l’eau vont pouvoir décanter. Ensuite, les eaux sont dirigées vers un lit de roseaux. Enfin, ces eaux aboutissent dans le lagunage de 1700m², où le processus d’épuration naturelle se poursuit et s’achève. Le plan d’eau est relié à la Senne, rivière qui traverse Bruxelles et qui borde le site, et dans laquelle les eaux épurées sont finalement rejetées. En mars 2015, un premier test de cette eau, non-utilisable pour des besoins humains, montrait que le système d’épuration était efficace.

Espaces verts et biodiversité

A côté de leurs fonctions d’épuration et de récupération des eaux de ruissellement, le lit de roseaux et le lagunage bordé de végétation constituent également des biotopes naturels, que la faune et la flore peuvent venir coloniser. Des grenouilles et des libellules y sont par exemple observées, et des oiseaux d’eau aiment venir profiter de la tranquillité du petit plan d’eau.

Zone verte © Natagora
Des haies composée d’essences indigènes variées (érable champêtre, noisetier, troène, aubépine, charme,...) ont par ailleurs été disposées sur une longueur de 200m. Récemment, plus de 60 arbres et arbustes, indigènes également, ont été plantés avec l’aide de l’association les ‘Bûûmplanters’. Parmi ceux-ci, 5 espèces d’arbres fruitiers (pommiers, poiriers, cerisiers,...) dont on espère que les fruits pourront, dans un futur proche, être servis à la cantine ! Une pelouse s’étendant sur une belle surface sera par ailleurs bientôt réaménagée et ensemencée avec un mélange de graines de fleurs indigènes afin d’obtenir une belle prairie fleurie. Celle-ci, en plus d’être esthétique, demandera peu d’entretien et sera particulièrement attractive pour les insectes (papillons, abeilles,...). Deux ruches ont aussi été installées en partenariat avec la société BeeOdiversity. Signalons enfin que l’entretien de l’ensemble du terrain se fait sans produits chimiques.

La Senne le long du site d’Elia
D’autres actions sont d’ores et déjà planifiées sur le site, entre autre sur base de conseils prodigués par Natagora suite à une visite de terrain: de nouvelles plantations d’arbustes, une diminution de la fréquence des tontes sur certaines pelouses afin de permettre le développement d’une flore diversifiée, l’installation de plantes grimpantes, le placement de deux hôtels à insectes, une taille moins régulière des haies indigènes, ou encore la pose d’îlots flottants sur le plan d’eau dans lesquels pourront se développer des plantes typiques des milieux humides.

Situés entre la Senne et le canal, ces aménagements et ces espaces naturels permettent de renforcer le potentiel de corridor écologique joué par le cours d’eau et la voie d’eau, que suivent et fréquentent diverses espèces animales, et pour qui ces zones de quiétude sont évidemment vitales.

Escaut sans Frontières - mars 2021
Pour en savoir plus sur les objectifs environnementaux d’Elia >>
 

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