FRANCE - WALLONIE - FLANDRE: La qualité de l’eau du canal Roubaix-Espierres
et des Espierres progresse lentement mais sûrement

Le canal de Roubaix-Espierres et les Espierres appartiennent au bassin du Haut-Escaut. Retrouvez des informations complémentaires à propos du Haut–Escaut plus loin dans ce bulletin d’information.

À propos de nous

Le canal de Roubaix est un double escalier qui permet de surmonter la crête entre la vallée de la Marque au sud et la vallée de l’Espierres au nord. Le canal peut accueillir des bateaux de 350 tonnes (= gabarit) et est relié à la Deûle via la Marque canalisée et au Haut-Escaut via le canal de l’Espierres, l’un des derniers canaux au gabarit de 250 t en Belgique. La largeur moyenne de ces canaux est inférieure à 20 m pour une profondeur moyenne de 2,2 m.
Le canal de Roubaix avait, dans le passé, comme fonction principale le transport de charbon du Hainaut vers la France. Mais la disparition progressive de l’industrie houillère a fait qu’au milieu des années quatre-vingt la fonction de navigation de ce canal a complètement disparu.
Actuellement le canal et ses environs ont avant
tout une grande valeur récréative (marche et vélo). Un corridor bleu qui pourrait signifier un levier pour la relance de la région!

La grande Espierres et l’Espierres (appelée ‘Zwarte Spierebeek’ en Flandre) sont deux cours d’eau transfrontaliers. L’Espierres prend sa source à Tourcoing, coule vers l’est pour déboucher dans la grande Espierres qui, elle, prend sa source à Mouscron et se jette dans le Haut-Escaut, 12,8 km plus loin à hauteur du lieu-dit ’Hellenhoek’ (‘coin de l’enfer’) en Flandre à Espierres-Helchin. Le bassin hydrographique de l’Espierres couvre moins de 100 km² dont la moitié en France et l’autre en Belgique

Des eaux usées aux eaux épurées

La Marque et l’Espierres ont longtemps fait partie des cours d’eau les plus pollués d’Europe. Après avoir favorisé l’industrie du textile, le canal de Roubaix est tombé dans l’oubli et en proie au déclin. Le Haut-Escaut recevait toutes les eaux usées du nord-est de la métropole lilloise...

Au 19e siècle, le développement urbain et industriel de la vallée de l’Espierres transforme les ruisseaux de ce territoire en véritables égouts à ciel ouvert, partie d’un réseau d’assainissement unitaire (recevant à la fois les eaux usées et les eaux pluviales du bassin).

Pendant des décennies, les eaux usées domestiques et industrielles du nord-est de la métropole lilloise, de Mouscron et d’Estaimpuis sont évacuées sans épuration vers le Haut-Escaut via les Espierres.

Les diverses industries, en particulier l’industrie textile et le peignage de la laine, les brasseries et malteries, l’usine Kuhlmann, étaient à l’origine d’une pollution organique et chimique extrêmement importante. A tel point que certains capitaines de péniches refusaient de s’aventurer dans les eaux nauséabondes du canal.

Conséquence: l’Espierres et ses affluents, en France comme en Belgique, présentaient une des plus mauvaises qualité des eaux de tout le bassin de l’Escaut. Plus un gramme d’oxygène dans l’eau, les concentrations en ammoniaque dépassaient allègrement 50 mg/l. On trouvait dans l’Espierres jusqu’à 6000 µg de chrome/l dans les années ’80!

Il n’est donc guère étonnant que presque toute vie avait disparu des Espierres et que le Haut-Escaut présentait à ce niveau la plus mauvaise qualité des eaux sur tout son cours. On peut s’attendre à une nette amélioration de la qualité de l’eau dans un proche avenir grâce aux efforts répétés d’épuration des deux cours d’eau.

Le Canal de Roubaix-Espierres est alimenté en majeure partie à partir des eaux de la Basse Deûle prélevée à Lille dans le bras de la Barre (usine élévatoire). Les eaux d’alimentation amènent une dégradation de la qualité des eaux du canal, notamment dans le bief supérieur. Cette qualité s‘améliore ensuite d’un bief de partage à l‘autre, chaque bief jouant un rôle de décantation et d’épuration des eaux. Mais l’eutrophisation des eaux (en particulier concentration de phosphore) engendre des proliférations d’algues (notamment de cyanophycées) et de plantes aquatiques.

Par fortes pluies, les débordements de l’Espierres vers le canal, via des déversoirs (au Sartel) ou au travers d’une digue fortement dégradée (entre le Sartel et Estaimpuis) apportent un flux de pollution important.

Coopération transfrontalière entre la France et la Belgique

L’assainissement et l’épuration des eaux sont de la compétence de Lille-Métropole Communauté Urbaine (LMCU) sur la grande métropole lilloise, de l’Intercommunale IPALLE en Hainaut occidental (Wallonie), et de AQUAFIN en Flandre. Ces 3 organismes travaillent depuis plusieurs années en collaboration dans les zones transfrontalières, où les eaux, mêmes usées, ne connaissent pas de frontières!


Au cours des cinq dernières années l’infrastructure de traitement des eaux s’et fortement développée sur le territoire français, notamment à Pont Bleu (2006), à Pas-à-Wasmes à Pecq (2003 et 2009), à Mouscron(2002), à Estaimpuis (2007), à Waterloo-Grimonpont (2005).
En outre, de nombreux projets sont encore en attente (comme la construction de collecteurs et de stations de pompage).

La Wallonie

La qualité biologique de la grande Espierres et du canal de l’Espierres, basée sur la présence de macro-invertébrés, de diatomées, de macrophytes et de poissons est assez mauvaise. L’eau de l’Espierres est de qualité moyenne.

L’état physico-chimique des trois cours d’eau est mauvais. Ceci est principalement dû aux paramètres de carbone organique, d’oxygène dissous, d’azote, de phosphore, de soufre et de composés chloriques. Néanmoins, l’amélioration du score d’un certains nombre de paramètres (demande en oxygène biologique et chimique, phosphore total, certains métaux) confirme que les efforts de la Région wallonne et des régions frontalières portent leurs fruits.



La qualité chimique de l’eau fait référence à une directive européenne de 2008 qui impose des normes environnementales sur une série de paramètres, tels que les pesticides, les composées organiques volatils, les métaux comme le plomb ou le mercure. Les deux Espierres ont une mauvaise qualité chimique par les niveaux trop élevés de certains pesticides (isoproturon, diuron, atrazine, endosulfan), octylphénol et nonylphénol.

Bassin du Haut-Escaut flamand

En 2008, 72 points de mesure ont été analysés dans le bassin du Haut-Escaut pour définir l’index ‘Prati’ pour l’oxygène dissous (PIO). Estimée sur les données de ce PIO des points de mesure, la qualité de l’eau est jugée ‘polluée’ sur 6,9%, ‘polluée modérément’ sur 47,2%, ‘acceptable’ sur 20,8% et ‘non-polluée’ sur 25%.
15 points ont été échantillonnés pour la détermination de l’indice biotique belge (BBI).
Evalués en fonction du BBI 60% de points de mesure ne satisfont pas aux normes des 7 standards. Seulement 40% ont un BBI de 7 ou plus.

Les données de mesure pour l’année 2008 démontrent que le caractère organique du Haut-Escaut peut être considéré comme ‘moyen’ dans son ensemble. L’Escaut entre en Flandre avec une qualité ‘moyenne’ (BBI 6). Après l’embouchure des Espierres ce BBI baisse de 2 unités.
En aval la qualité se restore moyennement.

L’index ‘Prati’ pour la saturation en oxygène indique une pollution modérée à hauteur de la frontière wallonne mais après l’embouchure de l’Espierres une légère amélioration est observée et même un statut de qualité acceptable peut être constaté. Toutefois, cela est en contradiction avec les observations biologiques.

La grande Espierres et l’Espierres sont les 2 premiers ruisseaux à déboucher dans l’Escaut sur le territoire flamand. La grande Espierres reçoit beaucoup d’eaux industrielles non-épurées ainsi que des eaux domestiques usées en provenance de Roubaix. Depuis 2004 une lente mais continue amélioration a été observée. Depuis 2003 la station d’épuration de Grimonpont (France) fonctionne au maximum de sa capacité. Le ruisseau-faisant principalement fonction de collecteur d’égouts en France- a même été épuré. En résulte une nette amélioration de la qualité de l’eau en territoire flamand.

La grande Espierres reçoit les eaux domestiques et industrielles usées (mais épurées) de Mouscron. Même si l’installation d’épuration est opérationnelle depuis 2001, la qualité de l’eau est moins bonne que celle de l’Espierres. Depuis deux ans Mouscron fournit des efforts supplémentaires dans l’expansion de ses infrastructures d’épuration, des collecteurs et les systèmes d’égouts sont optimalisés petit à petit. Pour l’instant, l’amélioration de la qualité de l’eau est limitée, mais on attend une amélioration progressive et continue de la qualité. Le canal de l’Espierres traverse encore tout juste la Flandre avant de déboucher dans le Haut-Escaut. En 2007 on a observé une qualité biologique modérée (BBI 5) et en 2008 un PIO de 4,89 ce qui démontre un état pollué. Remarquons ici que pour la première fois le métabolisme de l’oxygène du canal de l’Espierres est pire que celui des Espierres.

10e Rencontre Fluviale

Les informations ci-dessus ont été introduites par les délégués lors de la 10
e Rencontre Fluviale sur le Haut-Escaut le 24 avril dernier. Cette rencontre transfrontalière a mis en exergue non seulement la qualité des eaux du canal de Roubaix-Espierres et des Espierres mais également la revalorisation du canal et des ruisseaux en un corridor vert ainsi que la navigabilité, avec le problème des boues.

Cliquez ici pour accéder aux textes, présentations et photos de cette journée.

Remerciements à:

  • José Grimmonpré, IPALLE (Intercommunale de propreté publique du Hainaut Occidental),
    responsable de projets,. entre autre de la coopération franco-belge Lille Métropole (LMCU) - IPALLE
  • Jérôme Delvaux, Service public de Wallonie (SpW) - DGARNE, Direction des eaux de surface,
    Cellule Réseaux
  • Marc Van Verre, Vlaamse Milieumaatschappij (Société flamande pour l’Environnement),
    Responsable service externe Haut-Escaut, Canaux gantois et la Dendre
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