BENELUX: Faciliter la libre circulation des poissons...

Problématique

La survie de 67 espèces de poissons d’eau douce sur les 200 que compte l’Europe est actuellement menacée par des interventions humaines sur les cours d’eau. Près de la moitié de ces interventions peuvent être mises en corrélation avec des problèmes d’entrave physique à la migration des poissons.

Un grand nombre d’ouvrages d’art, comme des ponceaux, barrages, moulins à eau, écluses et ponts, fragmentent le réseau hydrographique en tronçons isolés. Les communautés de poissons effectuant leur migration dans le milieu aquatique voient ainsi se multiplier les obstacles dans leur déplacement entre des habitats potentiels.
Les points noirs de ces déplacements se situent entre autres au niveau des barrages et des digues. Les moulins et les centrales hydrauliques gênent tant la montaison que la dévalaison des poissons, qui risquent en outre d’être blessés ou tués par ces installations. En Flandre, de nombreux cours d’eau ont été voûtés sur une distance assez longue, par exemple sous des places ou des villes. Il arrive que la vitesse du courant sous ces voûtements soit trop élevée pour les poissons. Les siphons (conduites permettant de faire traverser un canal aux cours d’eau) peuvent également entraver la migration des poissons.

photo circulation des poissons

La libre circulation des poissons pour 2010: un projet trop ambitieux


Le 26 avril 1996, les ministres de l’Union économique Benelux ont approuvé la Décision Benelux M(96) relative à la libre circulation des poissons dans les réseaux hydrographiques du Benelux. Cette décision à caractère obligatoire établissait que les parties contractantes devaient concevoir et réaliser un programme destiné à permettre la libre circulation des poissons dans le réseau hydrographique du Benelux pour le 1er janvier 2010.

Par libre circulation des poissons, il faut entendre le déplacement des poissons qui concerne une grande partie ou certaines classes d’âge de la population d’une espèce et qui a lieu durant le cycle de vie de l’espèce avec une périodicité prévisible, deux habitats distincts au moins étant concernés.


Chenal secondaireL’évaluation a montré que plusieurs initiatives avaient été prises: plus de 500 passages pour poissons ont été réalisés en Flandre (92), aux Pays-Bas (390), en Wallonie (20 grands et plusieurs petits obstacles sont maintenant surmontables) et au Luxembourg (24). Cependant, le calendrier prévoyant la disparition de tous les obstacles pour 2010 semble irréaliste.



Il reste du pain sur la planche

Ces dernières années, un grand nombre de projets ont été mis sur pied pour restaurer la libre circulation des poissons et plusieurs autres sont actuellement en préparation. Mais il y a encore du pain sur la planche avant de toucher au but. D’où la promulgation de la nouvelle décision (plus réaliste) (M (2009) 1).
Cette nouvelle disposition pourrait donner un élan important à la poursuite du travail sur la circulation des poissons. Son but reste en effet de restaurer cette libre circulation dans le Benelux en éliminant tous les points noirs sur les cours d’eau écologiquement importants.
De plus, cette décision permet de poursuivre les efforts déployés avec succès dans le cadre de la décision précédente, datant de 1996.
Enfin, elle:

  • prévoit la création d’une carte stratégique des priorités reprenant les cours d’eau écologiquement importants. Les obstacles figurant sur cette carte recevront la priorité;
  • élabore un programme en vue de lever ces obstacles, en fonction de la Directive-cadre sur l’eau (DCE) (plusieurs dates butoirs en 2015, 2021 et 2027);
  • accorde une attention particulière aux tronçons transfrontaliers par le biais d’un programme commun d’exécution;
  • vise à rendre les obstacles franchissables par les poissons à l’occasion de travaux réalisés sur les infrastructures, par exemple la restauration d’un barrage ou d’un complexe d’écluses, à l’origine de ces obstacles;.
  • ne permettra plus que de nouveaux obstacles - barrages, turbines hydroélectriques, stations de pompages - soient dressés sans prévoir une solution pour la libre circulation des poissons.
Lorsque le Comité des ministres approuve une Décision, celle-ci devient contraignante pour les gouvernements. Afin de la rendre obligatoire pour leurs citoyens, la disposition doit être transposée en droit national. Le suivi est effectué entre autres par le groupe de travail sur les poissons migrateurs actif dans le Benelux. La disposition ne comprend pas de clause pénale.

Pour la situation en Flandre, cliquez ici.

Mieke De Leeuw
Remerciements à Koen Martens, VMM (administration flamande en charge de l'environnement) - Afdeling Operationeel Waterbeheer (gestion opérationnelle de l’eau) et à Marc Naessens, collaborateur de Développement durable, Secrétariat général du Benelux

>> Retour

 

Envoyez-nous vos réactions concernant la lettre électronique
et/ou des propositions pour des articles >>