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  INFO n° 77 - décembre 2017    
 

Des toitures vertes pour des villes plus vivables
 

Aujourd’hui, les personnes qui vivent dans les grandes villes sont plus nombreuses que celles qui vivent à la campagne. Un constat qui vaut à l’échelle mondiale. Chaque semaine, 1,5 millions de personnes déménagent vers la ville. Dans ces villes grandissantes avec une imperméabilisation galopante des sols, le changement climatique est plus perceptible qu’ailleurs. L’espace dévolu à la verdure s’y fait rare, mais des toitures végétales ouvrent des opportunités pour la nature et l’adaptation au changement climatique dans des recoins jusque-là inexploités.

À l’échelle mondiale, deux processus sont à l’œuvre qui exercent une forte influence sur les zones urbaines: la migration vers les villes et le changement climatique. Aujourd’hui, les citadins sont plus nombreux que les campagnards et cette tendance est appelée à se poursuivre encore un petit temps.
Ce développement soulève une question importante, notamment comment faire en sorte que nos villes restent vivables. Les villes s’étendent et se densifient, réduisant toujours l’espace disponible pour la nature et les espaces verts. Ce manque de verdure a cependant un revers: en milieu urbain, le changement climatique frappe plus durement qu’ailleurs, car les surfaces imperméables renforcent la hausse des températures, si bien que les villes deviennent des îlots de chaleur. À Rotterdam par exemple, les températures mesurées lors de chaudes nuits d’été dépassent de 7°C celles enregistrées hors de ses murs.

Par ailleurs, de nombreuses villes subissent des inondations en cas de fortes précipitations. L’imperméabilisation du sol empêche l’eau de s’infiltrer, celle-ci doit donc s’évacuer par d’étroits cours d’eau et des égouts, au risque de les saturer et de les faire déborder. Le changement climatique fait monter la température et multiplie les fortes pluies, ce qui accroît le risque d’inondation. La nature urbaine peut contribuer à réduire l’ampleur de ces débordements et faire en sorte que la ville reste vivable. Une mesure concrète allant dans ce sens consiste à aménager des toitures vertes.

De toitures vertes sur de petits garages à vélos au parc de toitures de 80.000 m²

Une toiture verte est une surface sur laquelle pousse de la végétation. Il s’agit le plus souvent de petites plantes grasses (sédum) capables de résister aux températures extrêmes qui règnent sur un toit. Vu leur faible poids, elles peuvent être plantées sur un grand nombre de surfaces plates allant d’abris pour vélos aux maisons en passant par les entreprises. Ces toits restent verts toute l’année et fleurissent en été, ce qui attire notamment les abeilles. Mais il existe d’autres types de toitures végétalisées avec des plantes aromatiques comme des graminées et des fleurs. La plupart des toitures vertes mesurent quelques dizaines de mètres carrés. Mais certaines villes créent de véritables parcs urbains sur les toits de leurs immeubles. À Rotterdam par exemple, le bâtiment Vierhavenstrip, qui accueille un centre commercial, est surmonté d’un toit vert de 80.000 m².

Des toitures vertes multifonctionnelles

Les toitures vertes contribuent à l’adaptation aux changements climatiques et font entrer la nature dans la ville. Précisons d’emblée qu’elles ne constituent pas une solution miracle permettant de résoudre tous les problèmes. Cependant, elles remplissent plusieurs fonctions à la fois et veillent à ce que la ville reste vivable. Elles interviennent dans le refroidissement des logements et, dans une certaine mesure, de l’environnement, et réduisent la quantité annuelle d’eau pluviale à évacuer, sans compter qu’elles ont une durée de vie plus longue qu’un toit plat classique. Ces toits verts peuvent également être combiné avec des panneaux solaires. Elles embellissent également les bâtiments et jouent un rôle favorable pour la santé publique. Il existe également des toits où des aliments sont cultivés ainsi que des toits accessibles qui font office de jardin.

Des petits tas de sable sur un toit vert pour plus de biodiversité

Les toitures vertes favorisent la biodiversité en ville. Elles abritent toutes sortes de plantes et d’animaux qui n’ont pas grand-chose à espérer des toits 'nus' classiques en tuiles et en bitume. De nombreux insectes comme les abeilles, les syrphides, les coléoptères et les araignées ont leur place sur des toitures vertes. On y trouve en général les espèces les plus répandues, mais parfois aussi des espèces plus rares comme des orchidées ou des espèces qui figurent sur la liste rouge, notamment l’œillet des chartreux et le phanéroptère commun. Les toits verts jouent un rôle tout aussi important pour les pollinisateurs sauvages, qui sont aujourd’hui menacés de toutes parts. On compte davantage d’espèces sur les toitures couvertes de plantes aromatiques que sur celles plantées de sébum.

Une variation de l’épaisseur du substrat du toit vert favorise la biodiversité. Les couches de plus de 15 cm permettent aux insectes d’hiverner et aux plantes de survivre en période sèche. Les espèces présentes sur les toitures vertes et leur nombre dépendent aussi des autres espaces verts urbains. Le nombre d’espèces présents sur les toitures augmente lorsqu’il y a plus d’espaces verts dans les environs. Les communes ont intérêt à relier entre elles ces zones vertes, de manière à ce que les espèces puissent se déplacer de l’une à l’autre, à la recherche de nourriture et de sites de nidification. En outre, le propriétaire de la toiture peut également intervenir pour augmenter la biodiversité par exemple en faisant des tas de sable ou en déposant des branches où les abeilles solitaires et d’autres insectes peuvent s’établir et où des oiseaux viendraient nidifier.


Texte et photos: Kees Hendriks, Wageningen Environmental Research
Photo de titre: Toiture verte sur un bâtiment de Wageningen Environmental Research




 
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