La ville de Tongres et la rivière du Geer
à nouveau réconciliées

L’agence flamande de l’environnement (Vlaamse Milieumaatschappij, VMM) restaure les méandres du Geer (Jeker) dans la réserve naturelle du Kevie afin que la nature y retrouve ses droits. Ce projet réconcilie Tongres et le Geer, un cours d’eau autrefois très pollué.

Il n’y a pas si longtemps, l’adage ‘loin des yeux, loin du cœur’ s’appliquait parfaitement au cas du Geer à Tongres. Pour supprimer les mauvaises odeurs, la ville avait décidé le voûtement du cours d’eau en plusieurs endroits. À d’autres, le cours d’eau avait été rectifié et privé de ses méandres. Ces travaux ont permis à l’eau de s’écouler plus rapidement, mais ont également provoqué des problèmes d’inondation dans les zones situées en aval.

Le Geer s’allonge de deux kilomètres et redonne vie au Kevie


Le Geer s’allonge de deux kilomètres et redonne vie au Kevie © Jos Roeffaers

Le Geer au pied du ‘Blaarmolen’ a retrouvé
son tracé historique. © VMM
La VMM a rallongé le cours du Geer de deux kilomètres, recréant ainsi une belle vallée humide dans la réserve naturelle du Kevie. À la fin des années 60, le lit du Geer avait été rectifié, ce qui avait provoqué un assèchement de la zone et des inondations en aval. Aujourd’hui, c’est comme si le temps faisait machine arrière: le Geer a retrouvé son tracé historique au pied du ‘Blaarmolen’ et ses méandres ont été restaurés.

Les nombreuses espèces végétales et animales de la réserve naturelle bénéficient du retour de l’eau dans la vallée. Même le Geer y trouve son compte. En effet, un lit naturel améliore la capacité d’autoépuration du cours d’eau. De plus, le renforcement de la capacité de stockage de l’eau ainsi obtenu assure une meilleure protection contre les inondations.

Cette opération redonne également vie au patrimoine: le ‘Blaarmolen’ peut à nouveau faire tourner ses meules. De leur côté, les poissons n’y trouveront rien à redire car des ‘passes à poissons’ leur permettent de contourner le moulin et autres obstacles. Dans les années à venir, les promeneurs pourront assister à la renaissance de l’environnement du Kevie et Tongres y gagnera un pôle d’attraction pour les amateurs de nature.


© Provincie Limburg
À Vreren-Nerem, le Beek coule
à nouveau à ciel ouvert


Profitant de la construction d’un collecteur d’eaux usées par Aquafin, la province du Limbourg a remis à ciel ouvert et réaménagé le Beek au niveau de la ‘Molenplein’ à Vreren ainsi que dans le centre de Nerem. Aquafin a ainsi revalorisé la présence du cours d’eau dans le centre du village tout en sensibilisant les riverains à l’importance d’une bonne évacuation et d’une bonne qualité des eaux.


Une gestion durable de l’eau améliore sa qualité

Aujourd’hui, le Geer est redevenu un cours d’eau où les poissons et autres formes de vie ont leur place. Les mesures de qualité de l'eau indiquent que l’équilibre naturel se rétablit lentement mais sûrement même si des efforts supplémentaires doivent encore être faits.

L’amélioration de la qualité de l’eau est due avant tout aux investissements dans le réseau d’égouttage et à l’épuration des eaux usées dans le bassin du Geer. Les projets de réhabilitation de la rivière y ont également contribué. Des cours d’eau sinueux et des rives naturelles permettent en effet à la nature de ‘faire son travail’. Les plantes et micro-organismes décomposent les substances nocives, participant ainsi à la purification de l’eau.


Égouts: il reste du pain sur la planche

Le Geer va mieux, mais de nombreux investissements s’imposent encore pour que ses eaux deviennent vraiment propres. Si les derniers chaînons manquants du réseau d’égouts et de collecteurs étaient achevés, les eaux usées pourraient être épurées de manière optimale. Deux projets de collecteur sont encore en attente.

De l’autre côté de la frontière linguistique, la qualité de l’eau fait aussi partie des préoccupations. En Wallonie, deux grands auteurs de rejets industriels ont investi dans leur propre système d’épuration. En outre, la Région wallonne entend ajouter à ses installations existantes une station d’épuration supplémentaire, qui sera implantée à Grand-Axhe en 2014. À l’horizon 2020, 95 % des eaux usées produites dans la partie wallonne du bassin du Geer seront traitées.


Risques d’inondation: des mesures sont prises

En 2012, la VMM a inauguré le bassin de rétention sur le Geer, près de Lauw. En cas de fortes précipitations, l’eau excédentaire est stockée dans ce bassin avant d’être progressivement évacuée en direction du centre du village. Plus bas vers l’aval, le lit du Geer a été modifié dans le cadre d’interventions à petite échelle. La vallée non exploitée située entre Lauw et Tongres a été transformée en zone inondable. Ces dernières années, la vallée du Geer a donc été épargnée par les inondations, même en cas de fortes intempéries. La province du Limbourg avait elle aussi résolu tous les problèmes d’inondation le long des affluents du Geer et de l’Ezelsbeek au moyen de bassins de rétention.


Aquadra: un projet européen transfrontalier

Les cours d’eau ne connaissent pas de frontières et le Geer ne fait pas exception à la règle: il prend sa source dans la province de Liège avant de serpenter jusque dans le Limbourg. Dans les environs de Tongres, à Bassenge plus précisément, il repasse en Wallonie avant d’arriver aux Pays-Bas et de se jeter dans la Meuse à Maastricht.

De l’autre côté de la frontière (linguistique), le gouvernement et les associations investissent dans la réhabilitation du Geer, grâce notamment à des subsides européens alloués par le projet européen Aquadra. Dans le cadre de ce projet, les gestionnaires de voies navigables wallons, flamands et néerlandais collaborent afin de parvenir à une gestion transfrontalière de l’eau.

Des accords sont passés en vue de mieux harmoniser la gestion du Geer de sa source à son embouchure. Dans ce but, une collaboration a été mise en place entre la VMM, la province du Limbourg, le ‘Contrat de Rivière Meuse Aval et affluents’ et la ‘Waterschap Roer en Overmaas’. Tous ces acteurs travaillent selon la même philosophie et poursuivent les mêmes objectifs: rétablir le cours naturel du Geer en le laissant retrouver son lit sinueux et endiguer les inondations.

Cette collaboration transfrontalière s’avère primordiale: le Geer traverse plusieurs régions et chaque intervention a des effets immédiats en aval. Sans oublier que ces acteurs ont probablement beaucoup à apprendre les uns des autres.


Source: Communiqué de presse VMM 08/03/2013 >>

Pour de plus amples informations:
  • Reportage 'Stevig bochtenwerk doet de Jeker opleven', dans Verrekijker (juin 2013, VMM -
    en néerlandais) >>
  • Publication 'De Jeker - naar een ecologisch herstel van waterloop en vallei' (en néerlandais) >>
  • Réserve naturelle du Kevie (en néerlandais) >>
  • Promenade dans le Kevie (8 km - en néerlandais) >>


Retour vers le sommaire >>

 

Envoyez-nous vos réactions concernant la lettre électronique et/ou des propositions
pour des articles >>