La Commission internationale pour l'Escaut

En décembre 2012, il y aura 10 ans que l’Accord international de l’Escaut a été signé.  L’occasion de faire le point avec la Commission Internationale pour l’Escaut, au cours d’un entretien avec son secrétaire-général Arnould Lefébure, sur son fonctionnement, les mutations au sein du district hydrographique et les perspectives d’avenir.

Entretien d'Escaut sans Frontières avec Arnould Lefébure,
secrétaire-général de la Commission Internationale de l'Escaut


  1. Qu'est-ce que la Commission Internationale de l'Escaut?

    La Commission Internationale de l'Escaut (CIE) est un organisme intergouvernemental en charge de coordonner au niveau international la politique de l'eau dans le district hydrographique international de l'Escaut entre ses 6 parties riveraines : la France, la Belgique Fédérale, la Région Wallonne, la Région Flamande, la Région de Bruxelles-Capitale et les Pays-Bas.

    Le district de l'Escaut compte plus de 15 millions d'habitants et couvre une surface de 36.417km². Il comprend aussi bien toutes les eaux douces de surface, que les eaux côtières et de transition ainsi que les eaux souterraines et s'étend sur les bassins versant de l'Escaut, de la Somme, de l'Aa, de la Canche, les polders du Dunkerquois, de Flandre, l'Escaut Oriental et le Grevelingenmeer.




  2. Comment travaille la CIE?

    La CIE organise chaque année une centaine de réunions de ses 13 groupes de travail (11 groupes techniques, 1 groupe de coordination et 1 groupe des chefs de délégation) ainsi que généralement une assemblée plénière. Une quinzaine d'ONG sont observateurs auprès de la CIE et ont des représentants dans les groupes techniques.
    Ses priorités actuelles sont:
    • la mise en œuvre internationale de la directive cadre européenne sur l'eau (DCE) et de la directive risques inondation dans le district de l'Escaut
    • le fonctionnement du réseau homogène de mesures de l'Escaut, du système d'alerte et d'alarme Escaut pour les pollutions accidentelles
    • le catalogue des mesures Escaut.


  3. Le 3/12/2012, il y aura 10 ans que l'Accord de l'Escaut a été signé à Gand. Comment voyez-vous ces 10 années ? Quelles sont les réalisations les plus importantes?

    Après des siècles de conflits autour de l'eau, la confiance a été restaurée et les états riverains de l'Escaut coopèrent au point d'avoir adoptés la partie faîtière du plan de gestion de la directive cadre sur l'eau avant leur propre plan de gestion régional ou national.

    Plus important encore, après avoir été cité jusqu'au Japon comme le fleuve le plus pollué d'Europe, 'égout à ciel ouvert', après avoir été un cours d'eau quasi mort, qui 'puait' et repoussait ses habitants, l'Escaut, grâce aux efforts de tous et aux lourds investissements concédés commence à redevenir attractif. Il est désormais reconnu bien au-delà de ses frontières par ses réalisations : RHME (réseau homogène de mesures de l'Escaut), système d'alerte et d'alarme Escaut pour les pollutions accidentelles, catalogue de mesures Escaut, mise en œuvre pilote de la DCE, mise en œuvre commune de la directive inondations, d'actions de prévention des sécheresses, … et ses projets Interreg Scaldit et ScaldWIN.

    On recommence à le célébrer comme l'année prochaine avec '2013 - année de l'Escaut' pour l'Université d'Anvers ou la semaine internationale de l'Escaut du 22 mars au 1er avril 2013. Ses rives redeviennent des lieux d'habitation recherchés. Enfin l'Escaut recommence à vivre avec une amélioration notable de sa qualité même s'il reste encore beaucoup à faire, avec comme belle conséquence des poissons qui sont revenus et un plan Escaut de libre circulation des poissons en cours de discussion.

    Enfin, l'Escaut est redevenu jeune et une source de dynamisme grâce à ses ONG-observateurs auprès de la CIE tels qu'Escaut sans Frontières, Green-GoodPlanet, Inter-Environnement, etc. avec en particulier la création du Parlement des jeunes de l'Escaut et le Parlement mondial de la jeunesse pour l'eau.


  4. Quel est l'évolution du travail au sein de la CIE?

    Après avoir réinstauré la confiance de 1995 à 2002 en travaillant sur l'ensemble du bassin de l'Escaut à sa protection, l'accord de Gand a permis que la CIE soit reconnue comme le forum officiel de coordination internationale de la mise en œuvre de la DCE mais aussi de la prévention des risques d'inondation et de sècheresse ainsi que de l'adaptation au changement climatique.


  5. Qu'apportera le futur?

    En 2015, les parties doivent livrer un plan de gestion pour la DCE ainsi que pour la directive risques inondations. Dans ce cadre, la CIE travaille déjà au contenu, à la structure de ces plans et aux synergies possibles entre ces deux directives. Par ailleurs, pour 2013, après avoir instauré les années précédentes, la confiance et coordonné les grandes axes de gestion pour répondre aux 7 enjeux importants du district de l'Escaut (amélioration de la qualité de l'eau, vulnérabilité des eaux souterraines, polluants spécifiques et émergents, prévention des sècheresses et inondations, analyse économique, meilleure gouvernance et amélioration des données) avec le 1er plan de gestion du district, la CIE va se concentrer sur une série d'actions prioritaires plus concrètes, qui sont notamment:

    • La comparaison des programmes de mesures aussi bien quant aux aspects coûts que quant à leur efficacité sur le milieu.
    • Des recommandations pour la réduction des nitrates d'origine agricole
    • Un plan poissons pour instaurer la libre circulation des poissons
    • L'organisation de la coopération bilatérale pour une meilleure cohérence transfrontalière

Plus d'infos sur la Commission internationale de l'Escaut, cliquez ici.

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