7e Rencontres Fluviales
Au coeur de l'eau au fil du Haut-Escaut
Qualité et épuration des eaux du Hainaut occidental

   


L’assainissement en Hainaut occidental a débuté il y a maintenant plus de 25 ans. Le moment était donc venu de faire le point sur la qualité et l’épuration des eaux et d’en informer les personnes concernées. C’est pourquoi, Escaut sans Frontières (ESF) et son groupe de travail ‘Rencontres Fluviales’ ont invité la Région wallonne, l’Intercommunale IPALLE et Inter-Environnement Wallonie à partager leur point de vue au cours d’une après-midi et soirée printanière, le 2 mai dernier.

C’est en croisière sur le Haut-Escaut et sous un soleil radieux que nous sommes partis explorer l’eau du Hainaut avec à bord une quarantaine de personnes ayant répondu positivement à l’invitation. Nous tenons à remercier tout particulièrement, Edwige Colin de la Maison de Léaucourt qui a commenté les aspects naturels et culturels le long du parcours.

Embarquons à présent pour une croisière en mots et en photos…


Tournai et l'Escaut: le Pont des Trous en danger

Comme le départ de la croisière se faisait à hauteur du Pont des Trous à Tournai, cela aurait été un sacrilège de ne pas en toucher un mot. Benoît Dochy, grand défenseur de sa ville nous a dès lors donné un cours d’histoire accéléré expliquant l’origine et le rôle de ce beau pont militaire ainsi que son avenir incertain. En effet, dans le cadre de la liaison Seine-Nord Europe, des bateaux de plus de 2000 tonnes devront passer sur l’Escaut. Vu la largeur et la hauteur de l’arche centrale du pont, ceci est impensable sans modifications importantes. Diverses possibilités existent, toutes plus controversées les unes que les autres. Les options sont: la destruction des arches, des modifications en style roman, des modifications en style gothique, le contournement par un nouveau canal, une passerelle de facture contemporaine.

Pour le texte complet 'L’Escaut à Tournai’, cliquez ici .


Régime d’assainissement collectif en Hainaut occidental

L’intercommunale IPALLE est active quotidiennement pour un meilleur environnement de sa région. Dans le domaine de l’eau, elle est responsable de l’assainissement des eaux usées de milliers d’habitants par le biais d’une trentaine de stations d’épuration de tailles très diverses réparties sur son territoire. La plus importante est celle de Mouscron d’une capacité de 100 000 équivalents-habitants (EH) alors que les plus petites font à peine 250 EH. Ces installations collectives nécessitent la pause de collecteurs afin d’acheminer les eaux usées des égouts vers leur lieu de traitement. Le Hainaut occidental, au départ en retard dans son épuration, a bien vite rattrapé les autres régions sous la houlette de son intercommunale.
Lors de la soirée d’information, Gonzague Delbar (Directeur Général d’IPALLE) et Jean-Michel Delcambe (Directeur des Travaux et du Patrimoine d’IPALLE) ont donné une présentation détaillée des 25 ans d’investissements par IPALLE pour l’assainissement en Hainaut occidental.

Pour la présentation complète des actions d’IPALLE, cliquez ici.
Pour plus d’information concernant l’épuration collective, visitez le site d’IPALLE.

Epurer les eaux usées est déjà en soi une démarche positive pour l’environnement. Epurer et faire en même temps attention à d’autres aspects environnementaux tels l’utilisation rationnelle de l’eau, de l’énergie ou encore l’intégration paysagère est une démarche doublement positive. C’est ce que Gonzague Delbar et Jean-Michel Delcambe nous expliquent en donnant quelques exemples concrets appliqués dans les stations d’épuration (STEP) de la région:

  1. Récupération d’énergie
    - La différence de niveau entre le rejet de l’eau épurée et le niveau de la rivière peut être utilisée pour produire l’énergie nécessaire au fonctionnement de la station d’épuration.
    - Sur le site de la STEP de Mouscron, une station de détente de gaz avec valorisation et récupération d’énergie électrique a été installée. L’électricité produite est renvoyée sur le réseau électrique haute tension et est consommée par la station d’épuration, le solde étant renvoyé sur le réseau du distributeur d’électricité.
    - Dans certains cas, le traitement des boues extraites des bassins biologiques permet la production de bio-gaz. Le gaz ainsi produit couvre une partie des besoins énergétiques de la station. C’est le cas pour la STEP de Leuze-en-Hainaut dans le bassin de la Dendre.


  2. Utilisation rationnelle de l’eau
    - Dans les STEP de Froyennes et de Mouscron, le circuit d’eau de service complet réutilise l’eau épurée après traitement par filtration.


  3. Intégration paysagère
    - La STEP de Froyennes a été conçue dans un souci d’intégration paysagère dans la vallée de l‘Escaut avec des ouvrages enterrés et une architecture sobre.
    - L’étang paysager sur le site de Mouscron est alimenté par les eaux traitées.
Pour le texte de la déclaration environnementale d’IPALLE, cliquez ici.




Régime d’assainissement autonome

A côté des techniques collectives intensives d’épuration, il existe aussi des techniques extensives d’épuration, souvent moins connues. Pourtant, comme nous l’a montré Marie Cors, responsable eau chez Inter-Environnement Wallonie, cette approche est très intéressante et particulièrement appropriée en zone rurale où les distances rendent la pose de collecteurs problématique. Diverses techniques, toutes inspirées des processus naturels, existent parmi lesquelles les filtres plantés à écoulement horizontal ou vertical, les lagunes d’eau libre à microphytes ou la combinaison de filtres et de lagunes.

Cette famille de techniques autonomes extensives est la seule à avoir montré 100% de conformité aux normes de rejet. En effet, suite à une campagne de terrain menée par la Région wallonne pour vérifier la conformité des systèmes autonomes, il s’est avéré que dans le cas des autres techniques autonomes telles les fosses septiques avec boues activées, lit bactérien ou biodisques, seuls 23% des installations en fonctionnement étaient conformes, la raison principale étant un manque d’entretien.

En Wallonie 11,9% de la population vit en zone d’assainissement autonome et à partir du 1
er janvier 2007, de nouvelles obligations ont vu le jour à savoir l’installation immédiate d’un système d’épuration autonome dans le cas d’une nouvelle maison ou de transformations amenant une charge supplémentaire ou encore dans le cas d’habitations localisées en zone prioritaire vulnérable.

Marie Cors a également mis le doigt sur un aspect souvent oublié à savoir: la PREVENTION. Pourtant, la Directive Cadre européenne sur l’Eau mentionne ce principe noir sur blanc 'les Etats Membres mettent en œuvre les mesures nécessaires pour prévenir la détérioration de l’état de toutes les masses d’eau de surface… ' Le mot d’ordre est donc ‘Mieux vaut prévenir que guérir’. Il nous faut changer nos comportements de gaspilleurs et de pollueurs.

Pour la présentation complète ’Epurer nos eaux usées: techniques extensives’, cliquez ici.



Et la Région wallonne dans tout cela…

Malgré les investissements très importants réalisés ces dernières années, le retard de la Région wallonne en matière de traitement des eaux usées est encore conséquent par rapport aux obligations et aux échéances fixées par l’Union européenne. De plus, les émissions polluantes diffuses, essentiellement d’origine agricole, sont monnaie courante. C’est ce que montre le résultat du réseau de surveillance des eaux de surface mis en place par la Région.

La Direction Générale des Ressources Naturelles et de l‘Environnement (DGRNE) de la Région wallonne est chargée de la gestion de cet outil et c’est Dominique Wylock de la Division Eau, Cellule ‘Réseaux’ qui nous a expliqué les méthodes de mesure utilisées et les résultats obtenus.

En Région wallonne, l'état physico-chimique des eaux de surface est estimé à partir des indices d'aptitude de l'eau à la biologie. Ceux-ci sont calculés à l'aide du système d'évaluation de la qualité de l'eau (SEQ-EAU), pour différents types d'altération (acidification, eutrophisation…) et ce, à partir d'une série de paramètres mesurés sur l'ensemble des stations de mesure de la qualité des eaux de surface.

Dans le bassin Escaut-Lys, les résultats ne sont pas extraordinaires: très peu de cours d’eau ont une qualité physico-chimique satisfaisante et la qualité biologique est loin d'être optimale.

Pour les cartes et données de ‘Surveillance de la qualité des eaux du sous-bassin Escaut Lys, cliquez ici.



Bertrand Nuttens, responsable eau au cabinet du Ministre Benoît Lutgen nous a rejoint en soirée pour exposer les objectifs et actions menées par la Région wallonne pour une gestion durable de ses ressources en eau.
Après une présentation générale des principes de la Directive Cadre européenne sur l’Eau, qui orientent la gestion actuelle en Région wallonne, il nous a expliqué les différents programmes d’investissement pour l’assainissement collectif et individuel ainsi que les nouvelles dispositions entrant en vigueur à partir du 1
er janvier 2007.

Ces dispositions concernent essentiellement l’assainissement autonome. Elles suppriment l'obligation d'une mise en conformité pour 2009 au profit d'une prioritisation des actions dans les zones de baignade, de captage d'eau potable et les masses d'eau à risque. Dans cette optique, des études de zones sont en cours chez les différentes intercommunales pour définir le(s) système(s) d'épuration adapté(s) aux réalités de terrain. Ces études permettront également de préciser les plans d'assainissement par sous-bassin hydrographique (PASH) (autonome individuel ou autonome groupé passant en collectif) et de fixer les délais de mise en conformité. Ces dispositions ont été prises afin d'assurer le meilleur rapport ‘objectifs environnementaux / investissements'.

Pour la présentation ‘Pour une gestion durable de l’eau en Région wallonne’, cliquez ici.



Conclusion

Malgré les efforts incontestables déjà réalisés, beaucoup reste encore à faire pour que la Région wallonne satisfasse les exigences de la Directive Cadre sur l’Eau. Ces manquements sont actuellement à l’origine d’un contentieux entre la Commission européenne et la Belgique. La situation devrait toutefois s’améliorer avec les programmes d’investissement élaborés par la Société Publique de Gestion des eaux (SPGE). Ceux-ci devraient permettre de: finaliser la construction des stations d’épuration publiques afin que les eaux usées de 88 % de la population puissent être traitées à l’horizon 2010, de mettre en conformité les stations d’épuration pour lesquelles le traitement de l’azote et du phosphore n’est pas encore opérationnel et d’améliorer le taux d’égouttage, afin que le réseau de collecte puisse couvrir l’ensemble du territoire wallon à l’horizon 2015.

D’autres pistes, comme privilégier les techniques extensives d’épuration en zone rurale et lutter activement contre les pollutions diffuses, ne doivent cependant pas être reléguées aux oubliettes. En effet, tous les efforts dans la bonne direction nous permettront peut-être de sauver nos cours d’eau. Il est indispensable que les pouvoirs publics s’activent mais cela ne doit pas se faire sans une conscientisation générale: chaque personne doit réaliser que ses actions quotidiennes ont un impact sur l’environnement et doit agir en fonction……mieux vaut prévenir que guérir!!
C'est l'objectif principal que poursuit Escaut sans Frontières et son groupe de travail 'Cours d'Eau' en organisant chaque année des croisières éducatives pour sensibiliser les enfants dès les primaires.

Nous espérons refaire le point dans quelques temps en n'avoir que des résultats positifs à présenter …