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  INFO n° 79 - décembre 2018  
 

L’Escaut équipé de pièges à plastique
 

En 2019, des installations destinées à récupérer les déchets en plastique seront aménagées sur l’Escaut. "Nous devons retenir les détritus avant qu’ils arrivent dans la mer."

Traduction d'un article dans: De Standaard (11/06/2018)

Si les océans sont étouffés par le plastique, celui-ci y est souvent amené par les rivières. Et l’Escaut ne fait pas exception à la règle. C’est pourquoi la Vlaamse Waterweg, l’instance qui gère les cours d’eau navigables, va faire installer des 'pièges à plastique' à huit endroits du bassin de l’Escaut au printemps 2019. Ces pièges seront ensuite testés pendant un an sans interruption. Au terme de ce délai, la Vlaamse Waterweg prendra une décision concernant leur éventuel achat.

"Fin juin, nous inviterons les entreprises et ASBL à déposer une proposition", explique l’ingénieur responsable du projet Frederik Van Overloop de la Vlaamse Waterweg. "Le gouvernement n’aura rien à débourser, ce sont les participants qui font l’investissement. Si les résultats sont au rendez-vous, ils pourront vendre leur produit dans le monde entier."

Des installations vont être placées dans la zone à marée de l’Escaut, dans des zones non soumises à la marée et sur deux sites dans les canaux. D’après Frederik Van Overloop, c’est la première fois que de telles installations seront mises en service dans un contexte aussi 'compliqué': un fleuve soumis à la marée, qui connaît en outre une navigation intensive qu’il ne faut pas gêner.

Il existe déjà des pièges à plastique. Notamment sur la Seine à Paris, ou à Baltimore, aux États-Unis, où ce piège a été baptisé Mr Trash Wheel. On ignore par contre quel pourcentage de détritus ils sortent de l’eau. "Nous voulons connaître le degré d’efficacité de ces installations", explique Frederik Van Overloop. "Nous avons donc besoin d’un monitoring des déchets que charrie l’Escaut."


Nasses

Pour ce faire, la Vlaamse Waterweg fait appel à l’université d’Anvers. Le biologiste Bert Teunkens du groupe de recherche ECOBE cartographie les déchets en plastique présents dans l’Escaut dans le cadre de son doctorat. "Aujourd’hui, nous en savons encore très peu sur les détritus qui polluent les rivières", explique-t-il. "Il s’agit souvent d’extrapolations à partir d’une étude limitée, ou de modèles théoriques." La recherche dure quatre ans et a reçu l’appui du port d’Anvers, de l’OVAM et du secteur de la chimie ainsi que de l’ASBL Zero Plastic Rivers.

Sur l’Escaut, Bert Teunkens mesure le plastique de deux manières. La première utilise des nasses identiques à celles utilisées pour l’étude de la quantité de poissons. La seconde utilise des 'nasses à grappins': deux filets de 8 m de largeur sont jetés à l’eau à partir d’un bateau à l’arrêt. Les filets atteignent le fond et filtrent l’eau pendant plusieurs jours en retenant tous les éléments de plus d’un centimètre. Un modèle mobile sera mis en service à des fins de recherche dans les affluents (Dendre, Rupel, Nèthe, etc.) plus tard dans l’année.


Serviettes hygiéniques

Les premières constatations indiquent que les films plastiques forment la plus grande fraction des prises, ils sont suivis par les sachets, les emballages de friandises et de chips, les couches plastiques des serviettes hygiéniques, les applicateurs de tampons et à l’occasion, quelques bouteilles ou bidons vides de produit vaisselle. Le tout représente 80 l de plastique sur un peu plus de 20 heures. "J’ai été effrayé par ce que nous avons trouvé", explique Bert Teunkens. "L’eau de l’Escaut est trouble, si bien que la pollution reste en grande partie invisible."

Bert Teunkens estime qu’il faut réagir. "Nettoyer la soupe de plastique dans les mers est pratiquement impossible. Il est préférable d’intervenir avant, au niveau des rivières. Éviter que ces déchets arrivent dans l’environnement serait évidemment encore mieux, mais pour l’instant, la prévention ne suffit clairement pas."



 
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