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  INFO n° 79 - décembre 2018  
 

Initiatives durables: gérer la sécheresse
dans un contexte de changement climatique


© Grenzeloze Schelde-Escaut sans Frontières
L’été dernier a été le plus chaud depuis 1833. La sécheresse qui a persisté jusqu’au début de l’automne a fait baisser le niveau des rivières et ruisseaux, mais a aussi provoqué une chute sévère de la quantité d’eau souterraine disponible. Aux conséquences non négligeables pour l’environnement s’ajoutent les problèmes rencontrés par l’agriculture, la navigation et l’industrie. Le tourisme non plus n’a pas été épargné, puisqu'une interdiction a été appliquée p.ex. aux kayaks sur plusieurs cours d’eau en Wallonie 8.


Les prévisions climatiques ne mentent pas: à l’avenir, nous pouvons nous attendre plus souvent à ces conditions météorologiques extrêmes. En Europe, la Belgique, et en particulier la Flandre, fait partie des zones les plus sensibles au stress hydrique. L’un des défis qui se posera dans les années à venir consistera à apprendre à gérer le plus efficacement possible les conséquences de longues périodes de sécheresse. Nous savons déjà que nous ne devons pas laver notre voiture ni remplir notre piscine lorsqu’il y a pénurie d’eau. Cependant, des efforts devront également être consentis sur le plan de l’approvisionnement en eau et de la consommation d’eau par l’agriculture et l’industrie.

© Grenzeloze Schelde-Escaut sans Frontières


Vers une meilleure distribution des réserves d’eau disponibles

Le Gouvernement flamand prépare actuellement un scénario structurel sur lequel s’appuyer en cas de calamité climatique. Celui-ci prévoit notamment des règles de priorité en temps de sécheresse, de manière à répartir au mieux l’eau disponible dans toute la Flandre. Ce scénario reste encore débattu car, l’eau potable et la production alimentaire font partie des priorités, tandis que la lutte contre les dommages infligés à la nature n’y figure pas encore 1.

Dans d’autres domaines aussi, des initiatives existent déjà pour utiliser l’eau efficacement en période de sécheresse. Cet été, les différentes régions ont interdit le pompage d’eau des cours d’eau non navigables en raison de la sécheresse persistante. Pour atténuer l’impact de cette mesure, Aquafin a proposé ses eaux résiduaires épurées au secteur agricole et à l’industrie en Flandre. Chaque année, près d’un milliard de mètres cubes d’eaux usées domestiques sont en effet traitées, puis déversées dans les ruisseaux et rivières. Cette eau peut parfaitement être utilisée à des fins qui n’exigent pas une eau de qualité potable. Des entreprises ont ainsi pu venir chercher des eaux résiduaires traitées contre une indemnité forfaitaire dans environ 35 stations d’épuration. Avec une petite réserve toutefois: l’eau vendue ne peut plus alimenter les ruisseaux et rivières autour de ces stations. Leur débit a donc été étroitement surveillé afin d’en préserver l’équilibre écologique 2 & 3.

À Bruxelles, Opensource.brussels a été mise en place cet été: cette plate-forme cartographie les chantiers de construction qui pompent de l’eau souterraine. Des milliers de litres prélevés dans les nappes aquifères sont déversés directement dans les égouts. Les porteurs de cette initiative veulent inciter les entrepreneurs à partager cette eau avec les riverains, les organisations, les entreprises et les pouvoirs publics (locaux). Car tous consomment quotidiennement des milliers de litres d’eau potable pour l’arrosage des plantes et le nettoyage (d’espaces publics), autant d’usages pour lesquels l’eau souterraine conviendrait parfaitement 7.


Economiser l’eau - la technologie se développe

Dans l’industrie de la transformation aussi souffle un vent nouveau. Ces gros consommateurs d’eau ne possèdent généralement pas de département spécifique pour gérer un bon approvisionnement en eau. Cependant, ces dernières années plusieurs techniques ont été développées afin d’épurer les eaux usées, qui sont actuellement évacuées, jusqu’à obtention d’une eau de qualité potable. La récupération de l’eau traitée permet de refermer le cycle de l’eau dans l’industrie de la transformation, et donc d’économiser d’énormes quantités du précieux liquide. La Flandre peut compter sur une série d’entreprises qui endossent un rôle de pionnier dans le domaine du traitement de l’eau et de l’épuration des eaux usées. Le gouvernement subventionne en outre des projets qui misent sur le recyclage de l’eau, si bien qu’on peut espérer que d’autres entreprises leur emboîtent rapidement le pas 6.


Ne pas remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui

Des initiatives qui permettent de consommer l’eau disponible avec parcimonie sont évidemment indispensables. Si l’on veut éviter des pénuries d’eau à l’avenir, nous aurons cependant besoin d’initiatives durables qui renforceront la capacité de nos réservoirs actuels.



© Grenzeloze Schelde-Escaut sans Frontières
Un bel exemple est le stockage souterrain de l’eau. MAR (Managed Aquifer Recharge) est un terme que vous entendrez de plus en plus souvent dans ce contexte. Cette méthode consiste à aménager des puits d’infil-tration par exemple, ou à modifier le paysage pour améliorer de manière ciblée l’alimentation des nappes phréatiques. L’eau excédentaire des périodes pluvieuses peut ainsi être gardée en réserve pour être utilisée plus tard, en temps de pénurie. Stocker l’eau sous la surface du sol présente plusieurs avantages: protéger l’eau contre les influences extérieures (variations de température, pollution, éva-poration, etc.), préserver sa bonne qualité (absence de prolifération d’algues) et réduire l’espace occupé 4. À plus petite échelle aussi, le stockage de l’eau ouvre d’innombrables possibilités. La station d’expé-rimentation en maraîchage de Sint-Katelijne-Waver p.ex. mène des recherches sur le captage et le stockage de l’eau de pluie dans
le secteur de l’horticulture en serres 5.

Il existe encore de nombreux autres exemples de technologies qui permettent d’économiser l’eau et d’initiatives susceptibles de jouer un rôle important pour notre résilience face aux pénuries futures d’eau. Il nous reste cependant beaucoup de chemin à parcourir avant qu’elles ne soient implémentées dans les différents secteurs tributaires de l’or bleu de notre pays. Ces dernières années, les mentalités évoluent en ce qui concerne la consommation de l’eau. Reste à espérer que la sécheresse de l’été dernier accélérera ce processus...



1 www.natuurpunt.be
2 www.aquafin.be
3 www.engineeringnet.be
4 www.naturetoday.com
5 Persbericht Provincie Antwerpen 17/07/2018
6 www.duurzametoekomst.be
7 www.facebook.com/opensource.brussels
8 www.wallonie.be


 
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