Inondations dans le bassin de la Dendre:
à la recherche des causes et des solutions
un an et demi plus tard

Le problème des inondations dans la vallée de la Dendre traîne depuis des années. Les grandes inondations de novembre 2010 ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et la nécessité de trouver des solutions fondamentales est plus forte que jamais.
Un an et demi a passé. Un laps de temps suffisant pour voir fleurir études, procédures, concertations et projets d'avenir. Mais qu'en est-il réellement ? Toutes ces démarches ont-elles abouti à des propositions concrètes ou le problème des inondations a-t-il de nouveau été relégué à l'arrière-plan en l'absence de toute crue durant la période écoulée?
Résoudre le problème des inondations dans le bassin de la Dendre et mettre en place une gestion intégrale de l'eau dans une zone aussi densément peuplée que le bassin de la Dendre constitue un grand intérêt public. La population exige que le problème des inondations soit traité prioritairement!



Deuxième visite de terrain:
la Dendre entre Ninove et Dendermonde


C'est dans cette optique que le groupe de travail 'Dendre' de l'association Escaut sans Frontières a procédé à une deuxième visite de terrain ce 8 juin 2012. Près de quatre-vingts intéressés, décideurs politiques et gestionnaires du bassin de la Dendre, ont visité le cours inférieur de la Dendre, entre Ninove et Dendermonde. Des mandataires communaux et provinciaux ainsi que des administrateurs de voies navigables ont esquissé un état de la situation et présenté les études planifiées ou réalisées afin de leur expliquer les obstacles et les projets en lien avec la gestion des eaux.

Cette journée se voulait informative et propice aux rencontres, à la discussion, à la concertation entre les participants des deux côtés de la frontière régionale et était organisée en collaboration avec le Contrat de Rivière Dendre, Natuurpunt, le CRIE De Waterkant et le Bekkensecretariaat Denderbekken.


Le mécontentement grogne du côté de la population et des élus locaux

Le succès rencontré par cette visite a remis le dossier au centre de l'attention mais le problème des inondations est loin d'être résolu.
La dispersion des efforts de gestion et l'émiettement des moyens ne favorisent pas une bonne gestion des eaux. Une approche interrégionale est indispensable mais se fait toujours attendre. La récupération et le stockage des eaux de pluie sont loin d'être suffisants, surtout lorsque l'on sait qu'un écoulement trop rapide ou trop abondant des eaux qui ruissellent des toits et des revêtements de surface (20 %) mais aussi des champs (70 %) constitue une des causes importantes des inondations. Il faut donner la priorité aux travaux de rénovation des écluses-barrages jalonnant la Dendre et aux travaux sur la Marcq en Flandre et en Wallonie et démêler les situations cumulant divers problèmes qui ressortent de la compétence de différents gestionnaires des cours d'eau, par exemple le Torensbeek et le Molenbeek à Hofstade (Flandre).


Des promesses 'oubliées' refont surface

Le calendrier de la mise en œuvre des mesures et des projets constitue un élément important pour une gestion efficace des crues. Un plongeon dans les archives a fait émerger diverses études et analyses, dont la réalisation se fait encore attendre aujourd'hui, 10 ans plus tard.
À l'issue des graves inondations qui ont marqué le tournant du siècle (2000), le gestionnaire flamand des voies navigables, pour ne citer que lui, a rédigé un rapport pour signaler qu'il était urgent d'entamer la rénovation simultanée de tous les barrages de la Dendre dans les plus brefs délais (Dossier Dendre 2002). Après les inondations de 2002-2003, il a reconfirmé son point de vue dans une analyse actualisée et plus détaillée (étude 2004). Force est de constater que tous les points à améliorer et toutes les conclusions de cette note sont aujourd'hui répétés mais n'ont toujours pas été réalisés en Flandre malgré un calendrier précis datant de 2004.


Le recul de l'utilisation économique à l'origine du malheur des citoyens?

Pourquoi ces manquements ? Le recul de l'utilisation économique de la Dendre pour le transport de marchandises au cours des 30 ou 40 dernières années joue-t-il un rôle dans la non-priorisation de la modernisation des ouvrages d'art de ce cours d'eau? Il est en effet évident que le bassin de la Dendre et celui de la Senne, qui a également été touché à plusieurs reprises par des inondations, sont des bassins 'de second ordre' dont les infrastructures ont vieilli et ne sont plus adaptées aux flux que nous connaissons actuellement. On peut parler, dans les deux bassins, d'un échec global de la gestion de l'eau par le cours principal : obsolètes, les ouvrages d'art (barrages, dérivations, aqueducs de contournement (bypasses), déversoirs) ne semblent pas en état de capter et d'évacuer d'importants volumes d'eau.


Quelles sont les perspectives en Flandre?

Lors de la visite de terrain de ce 8 juin, une annonce inattendue mais positive a été faite: la ministre flamande de la Mobilité, Hilde Crevits, va allouer six millions d'euros supplémentaires pour lutter contre le risque de crue dans le bassin de la Dendre. Au vu des sommes supplémentaires libérées en 2012 pour une rénovation simultanée de certains barrages sur la Dendre et du nouveau déversoir qui équipe le Denderbellebroek, désormais capable de capter une partie de l'eau, il semble possible d'envisager d'accélérer l'écoulement de l'eau en direction de Dendermonde afin de réduire la menace de crue à plusieurs endroits en Flandre. Mais six millions suffiront-ils à résoudre le problème des inondations?
Déversoir 'Denderbellebroek' à Termonde
Et surtout: quels efforts vont être faits dans l'intervalle pour protéger la population?
D'après le calendrier proposé par le gestionnaire flamand des voies navigables, la rénovation complète des barrages pourrait s'achever au plus tôt à l'horizon 2018-2019 si les circonstances se montrent favorables. Si l'on en croit les données statistiques, cela laisse au bassin de la Dendre... 2 à 3 inondations à gérer avant que cette rénovation ne soit chose faite.


Et en Wallonie?

Des initiatives ont commencé à germer dans la partie amont du bassin, essentiellement sous la forme d'études hydrologiques. Celles-ci concernent des affluents de la Dendre et dans certains cas ont pu donner lieu à des aménagements de rétention comme sur la Marcq à Enghien. Cela dit, la plupart de ces études sont en cours et n'ont donc pas encore abouti à des réalisations concrètes. Ainsi, le Service Public de Wallonie est toujours à la recherche de solutions concernant le village de Deux-Acren, une des zones les plus touchées lors des crues de fin 2010 et de janvier 2011. Des mesures de protection ont certes été proposées, mais aucuns travaux n'ont encore été prévus. Actuellement, un dialogue entre les régions flamande et wallonne a été entrepris afin d'évaluer les incidences éventuelles de ces mesures sur l'aval et ainsi directement sur la ville de Grammont.
Le territoire du bassin de la Dendre étant en majeur partie agricole, un travail de concertation avec les agriculteurs est également nécessaire. Pour cela, une cellule d'expertise a été mise en place, à l'automne dernier, au sein du Service Public de Wallonie. L'objectif est d'appuyer les communes wallonnes dans la résolution des problèmes liés aux inondations par ruissellement et à l'érosion hydrique des sols agricoles, notamment en accompagnant celles-ci dans leurs démarches auprès des agriculteurs, en les informant et en les conseillant.

Pour consulter les présentations et un rapport en images de la visite de terrain du 8 juin 2012 consacrée aux inondations dans le bassin de la Dendre, cliquez ici.



Escaut sans Frontières-Grenzeloze Schelde,
avec des remerciements à Maxime Colin, coordinateur Contrat de Rivière Dendre


Retour vers le sommaire >>

 

Envoyez-nous vos réactions concernant la lettre électronique et/ou des propositions
pour des articles >>