Canal corridor écologique | Newsletter 07 | octobre 2021
   
 
La gestion alternative des eaux de pluie sur le site de Sibelga

© AAC Architecture
Situé au quai des Usines en bordure du canal, à quelques mètres de l’eau, le siège de Sibelga (gestionnaire des réseaux de gaz et d’électricité à Bruxelles) a fait l’objet il y a quelques années d’une réhabilitation importante, tant au niveau des bâtiments que des surfaces au sol. Le volet environnemental fut très présent pour ce projet développé par le bureau AAC Architecture, avec une attention particulière pour la gestion alternative des eaux de pluie, la biodiversité et le paysage.



Vue aérienne du site et des espaces verts environnants
© Googlemap
Par différents aménagements, ce projet a permis de créer une liaison et une continuité paysagère et écologique entre deux petits espaces verts qui bordent le site de Sibelga, à savoir la bute et le talus arborés du chemin de fer au nord, et les parcs publics jouxtant le square Jules de Trooz au sud. Parallèle au canal, cette trame végétale située devant le bâtiment, entre les deux zones vertes existantes, se compose d’arbustes et de haies (essences indigènes), de pelouses, de plantes vivaces, de noues végétalisées, de petits plans d’eau et de dalles-gazons sur les places de parking. Une partie des toitures des bâtiments a par ailleurs été recouverte de toitures vertes extensives.

© AAC Architecture
Le site a aussi intégré la gestion des eaux de pluie de façon exemplaire afin de pouvoir retenir sur le site l’eau des petites mais aussi des grosses pluies via différents dispositifs. Ces dispositifs alternatifs, en favorisant l’infiltration dans le sol et l’évaporation de ces eaux, empêchent que celles-ci ne ruissellent inutilement vers les collecteurs d’eaux usées, contribuant ainsi a diminuer quelque peu les risques d’inondations et la pollution des cours d’eau. En effet, en cas de fortes pluies ou de pluies prolongées, les égouts ne peuvent pas toujours accueillir toute cette eau. En bordure du canal, le trop-plein d’eau des collecteurs, pour éviter des inondations, est envoyé directement vers le canal et vers la Senne, qui subissent donc des pollutions ponctuelles à l’occasion de ces averses, comme ce fut le cas à plusieurs reprises cet été ! Au fur et à mesure du temps, avec l’urbanisation croissante qui a amené toujours plus d’imperméabilisation des sols, le problème de saturation des collecteurs n’a fait que s’accroitre en Région bruxelloise.

Parkings filtrants © Bruxelles Environnement
Bandes enherbées © AAC Architecture
Toiture verte © AAC Architecture
Quels sont les dispositifs aménagés chez Sibelga pour retenir cette eau de pluie in situ? Il y a tout d’abord des noues végétalisées, longs fossés peu profonds aux rives en pentes douces, temporairement submersibles, qui permettent de stocker l’eau lors d’une pluie exceptionnelle (qui arrive tous les 10 ans, voire tous les 100 ans). L’eau peut s’y infiltrer, et la végétation (herbes ou plantes vivaces) permet au surplus de purifier cette eau, et d’en restituer une partie à l’atmosphère par évapotranspiration. Les parkings traditionnels ont quant à eux laissé la place à des parkings perméables composés de dalles-gazons, qui tout en assurant une stabilité suffisante pour les véhicules, permettent à l’eau de se déposer puis de s’infiltrer ou de s’évaporer dans des espaces laissés libres, dans lesquels se développent aussi de l’herbe (suivant le modèle, ces espaces représentent généralement de 35 à 65% de la surface).

Entre les zones imperméables amenant un ruissellement de l’eau (chemins,...) et ces dispositifs de gestion alternative des eaux (la noue, le parking imperméable), des bandes enherbées en pente douce servent d’espaces tampons et de transition. Sur ces bandes, lors des pluies, l’eau ralentie par la végétation peut s’écouler doucement, de façon diffuse et homogène, et être filtrée par les plantes. Les toitures vertes et jardins, qui occupent en partie des surfaces autrefois consacrées au parking sur le toit, retiennent elles aussi l’eau, qui était auparavant rapidement évacuée via les gouttières. La végétation et le substrat de terre de ces toitures atypiques empêchent l’écoulement de l’eau et la stockent temporairement. L’eau, à nouveau purifiée naturellement, repart d’où elle est venue par l’évaporation et l’évapotranspiration des plantes, et le surplus restant est relâché via un exutoire.

Tous ces aménagements permettent aux eaux de pluie de rester dans la dynamique du cycle naturel de l’eau, plutôt que de prendre inutilement la direction des conduites aménagées par l’homme pour ses besoins. Enfin, soulignons aussi que la végétation qui est un élément important de ces dispositifs améliore évidemment l’environnement de travail des employés de Sibelga, et de façon plus large le cadre paysager des abords du canal.


Escaut sans Frontières, octobre 2021


 

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