header-left  
header-right facebook
  INFO n° 78 - juin 2018  
 

"La Flandre s’assèche, même s’il pleut à seaux"
 

Est-ce à cela que ressemblera la Flandre en 2100? Pour les habitants du Cap, les semaines à venir s’annoncent stressantes. À en croire les dernières prévisions, la mégalopole risque de tomber totalement à court d’eau à la mi-avril. Cette situation pourrait préfigurer ce qui nous attend à l’avenir.



Robin Verachtert, chargé de mission Climat pour le Natuurpunt, nous donne quelques mots d’explication.
En Flandre aussi, il y a des raisons de s’inquiéter. Bien que de nombreux Flamands soient persuadés que le changement climatique entraînera principalement une multiplication des crues, la Flandre risque dans le même temps de s’assécher. La disponibilité moyenne de l’eau par habitant y est en effet l’une des plus basses d’Europe. Dans une perspective internationale, nous nous situons entre les échelons "grave pénurie en eau" et "très faible disponibilité de l’eau". Le professeur Willems (KU Leuven) qui est aussi expert en eau prévoit en outre qu’à l’horizon 2100, les précipitations se réduiront de 30 à 70 % en été. Le problème ne fera donc qu’empirer.


Des réserves en eau insuffisantes

Quelles sont les raisons de cette situation ? Notre forte densité de population et le drainage dû à l’agriculture sont souvent pointés du doigt. Mais l’une des principales causes de cette pénurie chronique est indubitablement à chercher du côté de notre aménagement du territoire, qui est tout simplement effroyable.
"La sécheresse persistante de l’année dernière a provoqué une mortalité massive chez les poissons, tandis que la Lys a pris une teinte d’un vert intense à la suite d’un manque d’eau fraîche et d’oxygène causé par la prolifération des algues, un phénomène qui ne se produit normalement que dans les étangs."
Le bâti étant tellement dense et tellement éparpillé en Flandre, la place manque pour stocker l’eau. Si bien que l’eau de pluie est rapidement évacuée par les égouts, les fossés, les canaux et les rivières et n’est que rarement retenue à l’endroit où elle tombe. Elle n’a donc pas le temps de s’infiltrer dans le sol. Nos réserves naturelles souterraines, qui fournissent la moitié de l’eau potable que nous consommons, sont insuffisamment approvisionnées. La Flandre s’assèche, même s’il pleut à grandes eaux.


Conséquences pour la nature et l’économie

Aujourd’hui, la sécheresse du printemps 2017 a été reconnue comme calamité agricole. Les agriculteurs vont être indemnisés pour les dégâts encourus. Le montant à verser (si l’on ajoute les dégâts causés par le gel ce même printemps) est estimé à 60 millions d’euros. Mais la navigation et l’industrie qui dépendent souvent de l’eau en subissent également les retombées. Si aucun bateau ne s’est encore enlisé dans l’Escaut en raison d’un niveau d’eau trop bas, les conséquences économiques sont d’ores et déjà faciles à deviner.
Pour la nature et la qualité de l’eau, une période de sécheresse persistante se révèle tout aussi problématique. Celle de l’année dernière a provoqué une mortalité massive chez les poissons du canal Baudouin, tandis que la Lys a pris une teinte d’un vert intense à la suite d’un manque d’eau fraîche et d’oxygène causé par la prolifération des algues, un phénomène qui ne se produit normalement que dans les étangs. Parallèlement, les oiseaux des prés ont eu des difficultés à trouver de la nourriture du fait d’un sol trop dur, tandis que les points d’eau abritant des amphibiens se sont asséchés, avec toutes les conséquences qui en découlent.


L’arrêt d’utilisation du béton pour lutter contre l’assèchement

"Avec l’arrêt d’utilisation du béton, le gouvernement flamand a entre les mains la clé qui lui permettra de s’attaquer au problème de la sécheresse."
Le défi n’est pas anodin. La solution devra donc être drastique. Notre politique d’aménagement du territoire est l’un des leviers essentiels pour sécuriser notre approvisionnement en eau. Réserver les espaces non bâtis dont nous disposons encore à l’eau et à la nature constitue une avancée cruciale si nous voulons faire en sorte que l’eau retrouve le chemin des nappes phréatiques plus profondes.
Le 'Beleidsplan Ruimte Vlaanderen' (Plan de politique spatiale pour la Flandre) est en cours d’élaboration. Ce plan va conditionner notre aménagement du territoire dans les prochaines décennies. Une période au cours de laquelle le changement climatique commencera à se matérialiser de manière terrible. Avec l’arrêt d’utilisation du béton, le gouvernement flamand a entre les mains la clé qui lui permettra de prendre le problème de la sécheresse à la racine.


Source (NL): www.duurzametoekomst.be



 
Retour vers le sommaire >