Rénover les canaux français ne coule pas de source!

Qu'il s'agisse de créer le nouveau canal Seine-Nord Europe ou de restaurer les canaux historiques qui ont participé intensément à l'activité économique de nos provinces wallonnes, flamandes et françaises, le parcours est chaotique! Espoirs et déceptions s'enchaînent. Ne rejetant que très peu de CO2 et peu bruyant, en France, le transport fluvial ne parvient toujours pas à gagner en compétitivité face au rail et à la route!

Si pour le canal Seine-Nord Europe ce sont les financements qui constituent les principaux obstacles, pour le canal Pommeroeul-Condé, c'est la gestion des 1.300.000 tonnes de boues polluées qui constitue l'écueil majeur! Six kilomètres à restaurer pour rétablir un axe fluvial hélas fermé à la navigation depuis 1992 pour cause d'envasement. Les travaux, d’un coût total de 51 millions d’euros, sont financés par Voies navigables de France (VNF) et le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais dans le cadre du Contrat de Projet Etat/Région 2007-2013, la Belgique (région Wallonne) et l’Union européenne. La réouverture du canal Pommeroeul-Condé à la navigation grand gabarit a plusieurs objectifs:
  • réduire le temps de parcours de navigation d’une demi-journée (11 km au lieu de 40 km)
  • développer l’accessibilité des marchandises au coeur des grandes agglomérations du Nord-Pas-de-Calais et de la Wallonie
  • renforcer l’attractivité économique de ces territoires

Depuis vingt ans, le canal Pommeroeul-Condé est fermé à la navigation, ce qui oblige les péniches à faire
un détour d’une demi-journée par Péronnes.


La Wallonie s'est engagée à remettre en état des écluses d’Hensies et Pommeroeul en 2014 afin d’envisager une réouverture du canal au second semestre de 2016. Côté français "Cette fois, le bouchon devrait sauter. Les travaux pour le nettoyage du canal Pommeroeul-Condé devraient enfin pouvoir commencer." pouvait-on lire dans la presse locale (Voix du Nord) le 28 octobre 2011. L’arrêté préfectoral déclarant l’utilité publique de la remise en navigation du canal Pommeroeul-Condé a été signé le 14 septembre 2012.

Mais... face à l'ampleur des volumes de boues à manipuler, les polémiques ont ressurgi! Trouver de nouveaux terrains pour stocker les sédiments, construire des renforts autour des dépôts autant de point qui font consensus mais ce qui inquiètent les riverains ce sont les analyses des boues: elles sont loin de faire l'unanimité car trop peu de paramètres ont été recherchés! Faut-il envisager des traitements appropriés pour dépolluer les boues?

Pour Jeanine Petit, élue de la Région Nord - Pas-de-Calais, qui suit de près ce projet, "il s'agit de boues qui proviennent des déversements toxiques de plus de 20 usines chimiques classées SEVESO du zoning belge de Tertre-Hautrage-Saint-Ghislain, auxquels s'ajoutent les effets de la décharge hors norme de déchets hospitaliers d'Hensies".

Alain Villain, géologue, scientifique, expert environnemental a fait part de son inquiétude lors d'une rencontre en mai 2012 concernant l'étanchéité des fonds de zones de dépôts mais il a surtout évoqué la présence d'hydrocarbures aromatiques polycycliques contenus dans les boues. Toxiques, volatiles, saturant l'air par des éléments hautement indésirables, ils migreront au gré des vents vers les habitations de ce vaste territoire.

Chaque fois qu'une phase du problème semble réglée, un autre écueil survient, compromettant la mise en œuvre de travaux finalement sans cesse repoussés. Les investisseurs potentiels le long du parcours s'impatientent.

2013... Enfin des solutions concrètes?

Le devenir du canal Pommeroeul-Condé refait surface: en France, une élue locale s'est rendue au ministère de l'environnement courant janvier 2013 pour tenter de débloquer la situation et un avis d'appel public à la concurrence a été mis en ligne le 23 janvier 2013 "Remise en navigation du canal Pommeroeul-Condé, aménagement des mesures compensatoires": l'amorce d'une première phase de travaux à brève échéance?

Anita Villers,
présidente Environnement et Développement Alternatif (EDA)





Le 29 avril 2004, la Commission européenne retient la liaison fluviale Seine-Escaut au titre de projet prioritaire du ‘réseau trans-européen de transport (RTE-T)¹’ n° 30.

Le 19 avril 2007, pour la promotion du transport fluvial en Wallonie, le Gouvernement wallon approuve l'intégration d'une branche Est au projet Seine-Escaut, composé des aménagements suivants destinés à l'amélioration du gabarit:
  • passage au gabarit de ‘classe Vb’ de la Lys mitoyenne (tonnage: 3200-6000);
  • passage au gabarit de ‘classe Va’ du Haut Escaut (tonnage: 1500-3000);
  • passage au gabarit de ‘classe Va’ de la dorsale wallonne: canal Nimy-Blaton, canal du Centre, canal Charleroi-Bruxelles versant Sambre (tonnage: 1500-3000);
  • réouverture au gabarit de ‘classe Va’ du canal Pommeroeul-Condé, en tant que point d'accès au réseau wallon (tonnage: 1500-3000). Les travaux nécessaires à la réalisation de ce projet sont les suivants:
    • construction d'un môle à l'écluse d'Hensies;
    • réhabilitation de l'écluse de Pommeroeul;
    • dragage des sédiments.
Le 12 juillet 2012, le Gouvernement wallon adopte le Plan Seine-Escaut Est.

En savoir plus sur l’aspect juridique du Plan Seine-Escaut Est >>


1 En savoir davantage sur le programme Réseau TransEuropéen de Transport (RTE-T) dans
Escaut sans Frontières Info 48 >>

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