Wallonie: les plans de gestion de l'eau
sont à l'enquête publique

Les plans de gestion de la partie wallonne des quatre districts hydrographiques internationaux sont actuellement à l'enquête publique. La DGARNE, en charge de l'élaboration de ces plans présente dans cet article les spécificités des plans wallons, brosse un bref portrait du district hydrographique de l'Escaut et fait le point sur la qualité des eaux de ce district et leurs perspectives d'avenir.

Des plans de gestion pour garantir à terme le bon état des ressources en eau

L'Escaut à Tournai
L'analyse de la qualité des eaux souterraines et de surface ainsi que l'identification des différentes pressions anthropiques exercées sur les ressources en eau, sont les bases qui ont permis à la Wallonie d'élaborer un programme de mesures adapté aux pressions locales. Collecter et traiter les eaux résiduaires urbaines, développer l'assainissement autonome, lutter contre les pollutions d'origine industrielle et agricole, utiliser de manière raisonnée les pesticides, restaurer nos rivières, préserver les nappes d'eau souterraine…, autant d'actions et de mesures qui permettront à la Wallonie de garantir à terme le bon état de ses ressources en eau. Ce programme de mesures constitue le cœur des projets de plans de gestion établi dans le cadre de la Directive européenne sur l'eau pour les parties wallonnes de quatre districts hydrographiques internationaux (DHI). Ces plans de gestion sont actuellement soumis en enquête publique et ce jusqu'au 18 janvier 2013 inclus.


Quelle qualité pour les eaux wallonnes du district hydrographique de l'Escaut?

L'Orne à Chastre
Parmi les 4 districts hydrographiques internationaux présents en Wallonie, celui de l'Escaut (3.775,68 km²) comprend 79 masses d'eau de surface réparties dans cinq sous-bassins (Dendre, Dyle-Gette, Escaut-Lys, Haine et Senne) et en trois catégories: naturelles (39), fortement modifiées (28) et artificielles (12). Par ailleurs, 33 masses d'eau sont transfrontalière avec la Flandre ou la France). Sur les 10 masses d'eau souterraine que compte le District de l'Escaut en Wallonie, 9 sont transfrontalières.


Eaux de surface

La qualité des masses d'eau de surface de la partie wallonne du district de l'Escaut pour l'année de référence 2008 est sans appel. En effet, sur les 79 masses d'eau, 74 n'atteignent pas le bon état requis. En comparaison, la partie wallonne du District voisin de la Meuse, possède déjà 42% de masses d'eau en bon état.

Pour expliquer ces différences, il faut rappeler les caractéristiques particulières du DHI Escaut:
  • Un relief plat qui donne des rivières à écoulement lent où les pollutions s'évacuent donc aussi lentement.
  • Une activité industrielle importante.
  • Une agriculture tournée vers les cultures intensives plus exigeantes en nitrates.
Cette situation fortement dégradée implique que des reports de délais pour atteindre les objectifs seront nécessaires. Si 5 masses d'eau devraient atteindre le bon état en 2015 (3 pour Dyle-Gette et 2 pour la Haine) avec les mesures proposées dans les plans de gestion, toutes les autres masses d'eau feront l'objet d'un report d'objectif à 2021 ou 2027 selon le niveau de dégradation de celles-ci.



L'état des masses d'eau de surface en 2008 (en haut) et en 2015 (en bas).


Eaux souterraines

Concernant les eaux souterraines, les nappes moins profondes, au nombre de sept, sont significativement impactées par les nitrates et les pesticides et n'atteignent donc pas le bon état. A l'inverse, les nappes plus profondes (au nombre de trois : calcaires du Tournaisis ; Craies captives du Brabant ; Socle du Brabant) sont de bonne qualité. Les résultats de 2008 des programmes de surveillance indiquent que 7 masses d'eau souterraine sur 10 sont actuellement en mauvais état, dont 6 sur le plan chimique et une sur le plan quantitatif. Sur ces 10 masses d'eau souterraine et suite à la mise en œuvre du premier programme de mesures, 5 seront en bon état en 2015 et 5 nécessiteront un report de délai (2 en bon état en 2021 et 3 en bon état en 2027).



L'état des masses d'eau souterraines en 2008 (en haut) et en 2015 (en bas).


Un programme de mesures adapté aux pressions locales

L'amélioration de la qualité des masses d'eau, la préservation des ressources en eau et des usages de l'eau nécessitent d'adopter et de mettre en œuvre diverses mesures. Ces mesures sont liées, notamment, aux activités domestiques, agricoles, industrielles ou urbaines et sont intégrées au sein d'un programme dont les axes principaux et les mesures phares sont les suivants:

La Lutte contre la pollution diffuse
  • Etablir des zones de protection le long des cours d'eau;
  • Interdire l'accès du bétail au cours d'eau;
  • Renforcer les contrôles;
  • Réduire la pollution due aux pesticides;
La réduction des rejets directs de polluants
  • Collecter et épurer les eaux urbaines résiduaires;
  • Revoir les permis d'environnement des industries;
  • Supprimer progressivement les rejets de certains polluants dommageables pour la santé et l'environnement;
  • Développer un service public d'assainissement autonome des particuliers en zone prioritaire;
Le développement d'une gestion intégrée des écosystèmes et des ressources
  • Optimiser les zones de captages;
  • Améliorer la qualité des eaux de baignade;
  • Restaurer les milieux humides;
  • Optimiser la gestion des débits des cours d'eau;
  • Intégrer les changements climatiques dans la gestion des ressources en eau;
  • Lutter contre les inondations;
La garantie des ressources en eau potable de qualité et en quantité suffisante
    Bien que les ressources en eau de la Wallonie sont abondantes, leur gestion nécessite cependant d'être concertée afin d'assurer une répartition équilibrée des ressources en eau potable au sein de l'ensemble de la Région. Un schéma régional d'exploitation des ressources en eau potable sera établi afin de garantir qualité et quantité à moyen et long termes. Les partenariats entre producteurs et distributeurs d'eau potable seront favorisés dans l'intérêt économique et financier de ceux-ci et du citoyen, tout en générant des économies d'échelle.
Le coût total d'exécution du programme de mesures pour l'ensemble du district de l'Escaut (Dendre, Dyle-Gette, Escaut-Lys, Haine et Senne) est estimé à 1,4 milliards d'euros soit 526 millions d'euros pour le programme 2010-2015 et 924 millions d'euros pour les programmes suivants (2016-2021 et 2022-2027).


Augustin Smoos & Pierre-Nicolas Libert
Direction des Eaux de Surface
Service Public de Wallonie (SPW)
Direction générale opérationnelle Agriculture, Ressources naturelles et Environnement (DGARNE) - DGO3

En savoir plus:
Documents de l'enquête publique >>
Programme de mesures >>
Les documents peuvent être consultés dans les administrations communales wallonnes ou au siège des Contrats de rivière wallons.
Répondez à l'enquête publique en complétant le questionnaire d'enquête en ligne >>


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