Bruxelles: étangs, bassins
et collecteurs contre les orages


Source: VMM - 'Hoe omgaan met overstromingen in de Woluwe?'

Ces dernières années, les inondations ont causé de lourds dégâts matériels et financiers à Bruxelles. Et les chiffres montrent une augmentation des calamités ces dix dernières années. Ministre de l'Environnement Évelyne Huytebroeck (Ecolo) a préparé un plan de gestion de ces catastrophes dans l'un des trois points à risque de la capitale : la vallée de la Woluwe.

Le climat actuel favorisant une hausse de la violence des précipitations et de la fréquence des inondations, les acteurs de l'eau et de l'environnement en Région de Bruxelles-Capitale ont décidé de joindre leurs efforts afin de chercher des solutions pour protéger au mieux les Bruxellois contre ce type de catastrophes naturelles.

Le problème des inondations n'est pas neuf et s'aggrave ces dernières année : entre 2000 et 2011, douze épisodes pluvieux ont été reconnus comme calamités publiques; une calamité est nommée comme telle lorsque les dégâts causés sont supérieurs à 50 millions d'euros ou que les précipitations atteignent 30 l/m² en une heure ou 60 l/m² en 24 heures.
Et le nombre de calamités est en constante augmentation depuis plusieurs années explique-t-on au cabinet Huytebroeck. "Le gros problème est l'urbanisation de la ville. Pendant longtemps, on a bétonné partout et imperméabilisé les sols, décrit Évelyne Huytebroeck. Pour traiter l'eau, on a longtemps donné la priorité aux bassins d'orage. Il en faut, bien sûr, mais on peut les compléter avec le maillage bleu", soit les espaces naturels. Dès lors, la ministre de l'Environnement propose "une complémentarité entre les bassins d'orage et les espaces naturels à l'instar des étangs."


Création du 'Maillage bleu'

À l'heure actuelle, le réseau hydrographique (canal inclus) représente, par temps sec, 172 ha d'eaux de surface (soit environ 1 % de la RBC), dont 43 ha de plans d'eau. Cette surface est extrêmement limitée par comparaison avec la situation des 18e et 19e siècles.
À Bruxelles, comme dans d'autres villes européennes, une grande partie des cours d'eau naturels ont été voûtés pour des raisons de santé et de modernisation et sont détournés dans des canaux d'évacuation ou dans des collecteurs où ils se mêlent aux eaux usées.
Parallèlement, le réseau d'égout souterrain a été progressivement étoffé afin d'évacuer ces eaux usées.
Les eaux de la Senne ont été clairement isolées du réseau d'égout, mais on ne peut pas en dire autant d'autres cours d'eau comme le Maelbeek qui se mélangent aux eaux des collecteurs. Mentionnons en outre la disparition d'un grand nombre d'étangs, qui ont été asséchés et comblés pour permettre à la ville de s'étendre.
Le lit de la plupart des rivières qui coulent encore à ciel ouvert est fragmentaire et le cours de celles-ci est alimenté localement par des sources et des infiltrations. Entre deux fragments en surface, cette eau claire s'écoule dans les collecteurs où elle se mélange aux eaux usées et inversement, lorsqu'il pleut, les collecteurs déversent parfois leurs eaux dans le réseau hydrographique en fonction du réglage des ouvrages d'art (hauteur des cours d'eau).
Sous sa forme actuelle, segmentée, le réseau hydrographique n'est plus en mesure de remplir convenablement ses fonctions naturelles essentielles, c'est-à-dire favoriser la biodiversité et évacuer ou au contraire retenir l'eau par temps de pluie. Bruxelles a lancé le programme du 'Maillage bleu' en 1999 afin de traiter ces problèmes de manière globale et coordonnée.
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Approche par bassin hydrographique

Aujourd'hui la gestion du cycle de l'eau, et en particulier la lutte contre les inondations, ne peut plus se concevoir en dehors d'une approche par bassin versant. À l'échelle de la Région de Bruxelles-Capitale, on ne compte pas moins de 9 bassins versants, d'importance très variable et de types d'urbanisation très différents. Ces zones portent le nom de la rivière principale qui coule en fond de vallée.

 
Bassins versants en Région de Bruxelles-Capitale (Source: IBGE)

 


La Woluwe: une conjonction des efforts

Le bassin versant de la Woluwe est à ce jour un des principaux points noirs de la Région en termes d'inondations. En effet, suite à l'urbanisation particulièrement forte qu'a connue cette vallée au cours des dernières décennies, les ouvrages existants de lutte contre les fortes pluies s'avèrent aujourd'hui largement insuffisants.


Il est rapidement apparu que le réseau de collecte des eaux usées et les cours d'eau naturels présents dans cette vallée avaient une interaction assez sensible lors de fortes pluies. Une modélisation coordonnée, tant du réseau hydraulique naturel que de l'infrastructure d'égouttage, a permis de déterminer les volumes de stockage d'eau de ruissellement additionnels nécessaires ainsi que leur positionnement privilégié dans la vallée en vue de protéger les habitants des inondations résultant d'orages violents.

Les solutions auxquelles a conduit cette étude ne consistent pas exclusivement en des réalisations de nouveaux ouvrages de génie civil mais aussi en des adaptations du maillage bleu, constitué de la rivière de la Woluwe et des étangs la jouxtant.
Quel plan concrètement? "Les modélisations prévoyaient des infrastructures de 85.000 m³ de bassin d'orage pour répondre au défi, on a diminué à 75.000 m³ et le coût total est descendu de 120 millions à 70 millions d'euros." La diminution de la capacité des bassins d'orage va de pair avec un aménagement de trois étangs parcourant la vallée. "Via les étangs, on pourrait prendre 13.000m³, trois au Ten Reuken et dix à l'étang Rond."

Les travaux vont principalement porter sur le renforcement des berges des étangs afin qu'elles soutiennent une pression d'eau provenant des rivières et que celles-ci ne débordent plus de leur lit. L'étang stocke l'eau pendant l'orage puis la déverse progressivement, une fois le débit d'eau amoindri. Si la coordination est optimale, les travaux devraient être terminés pour 2015.
Taille : 10.000 m³ pour l'étang Rond et un bassin d'orage de 35.000m³, 3.000 m³ pour le Ten Reuken et un bassin de 5.000 m³ et un bassin d'orage de 35.000 m³ à hauteur de l'étang Slot.


Uccle bientôt sauvée des eaux

En août 2011, Uccle a connu le déluge. Les caves inondées, les habitants ont l'habitude. Mais cette fois, les taques d'égouts se sont soulevées et les rues ont été balayées par des vagues d'eau et de boue. Pour tenter de résoudre le problème, la commune, en collaboration avec Hydrobru et Vivaqua, a donc lancé une série de travaux.

Première étape : équiper en égouts le sud de la commune. La zone d'habitation proche de Linkebeek ne dispose toujours pas d'un réseau d'égouttage. Il faut donc construire un collecteur qui servira à Uccle mais également à Linkebeek et Drogenbos. Après des années de tractations et de procédures administratives se déroulant dans les deux régions, l'accord de coopération a enfin été signé. Les frais seront donc partagés entre Bruxelles et la Flandre. En plus de ce collecteur, Hydrobru doit aménager un réseau d'égouts dans les rues proches. Sur cinq ans, l'intercommunale devra équiper 20 km de routes. Le quartier risque donc d'apparaître comme un immense chantier.

Au milieu de l'année 2013, Hydrobru construira un bassin de 15.000 m³ à l'ange des avenues de Fré et Brugmann. En 2014, un troisième bassin de 8.000 m³ sera entamé à la plaine du Bourdon. Enfin, en 2015, un bassin plus petit sera prévu pour la vieille rue du Moulin.

"Cela ne réglera pas tous les problèmes d'inondations, précise l'échevin Marc Cools. Il faut aussi rénover certains égouts. Nous avons également créé une prime à l'infiltration d'eau pour les particuliers."


Le train de la collaboration sur les rails

La SBGE (réalisation de gros ouvrages régionaux de rétention d'eau), l'IBGE (gestion des rivières et plans d'eau naturels), Vivaqua (gestionnaire opérationnel des ouvrages communaux et bureau d'étude pour le développement d'infrastructures de niveau communal) et HYDROBRU (responsable des réseaux d'égout et bassins d'orage de niveau communal) poursuivront leur collaboration sur l'analyse des modalités pratiques d'adaptation des infrastructures existantes ou de réalisation des nouveaux ouvrages identifiés.
Cette méthode de groupe de travail d'experts traitant de la problématique hydraulique par bassin versant ayant pleinement démontré sa pertinence et son efficacité, elle sera également appliquée à l'échelle de la vallée du Molenbeek, autre bassin bruxellois important qui s'étend sur les communes situées au nord-ouest de la Région et qui connaît, lui aussi, son lot d'inondations lors des phénomènes pluvieux intenses.



Sources:
Le Soir
- Étangs et bassins contre les orages (04/02/2012, Dewez Adrien)
- Uccle bientôt sauvée des eaux (16/04/2012, L'Huillier Vanessa)
Brusslenieuws.be (25/08/2011)
Rapport d'activités 2011 Hydrobru >>


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