header-left  
header-right facebook
  INFO n° 77 - décembre 2017    
 
Onderwerp / Sujet Geadresseerden / Adressée à
(email-adressen scheiden door een komma / séparez les adresses e-mail par une virgule)

Vagues de chaleur et sécheresse: la nature n’est pas
le problème mais la solution (article de 23/06/2017)
 

Ces derniers jours, on aurait presque l’impression que se rendre dans des zones naturelles est mortellement dangereux. Avec la sécheresse, le risque d’incendie augmente et plusieurs zones naturelles sont fermées: Code rouge. Une inquiétude justifiée dans un certain nombre d’endroits. Mais ces mesures donnent une image erronée de la situation. En cas de sécheresse, ce n’est pas la nature le problème. Au contraire même. Plus de nature constitue précisément la solution la moins onéreuse pour limiter les conséquences négatives des vagues de chaleur.

Certains d’entre vous se souviennent encore du printemps et de l’été suffocants de 1976. En 2003, de grosses chaleurs ont touché l’Europe. Aujourd’hui, nous souffrons d’une nouvelle canicule. Les conséquences du réchauffement climatique ne feront que multiplier ces épisodes de sècheresse. Cela n’a rien d’une bonne nouvelle. Un article paru cette semaine dans la revue Science affirme que le nombre de jours de canicule mortelle augmentera fortement dans les prochaines années.
La chaleur est une tueuse sournoise. La canicule de l’été 2003 a fait 70.000 victimes en Europe, principalement des personnes âgées ou de santé fragile. Soit bien plus que les 1500 décès dus à l’ouragan Catarina en 2005 aux États-Unis.
Comment peut-on s’en protéger? Le changement climatique nous incite à vivre plus près les uns des autres. Cela réduit les besoins en transport et le chauffage des maisons se fait de manière plus efficace. Par ailleurs, le coût des infrastructures et des transports en commun chute drastiquement.


© Wim Dirckx

Paradoxe

Or, qu’observons-nous? Dans les zones densément construites, les conséquences du changement climatique se font sentir plus fortement qu’ailleurs. Le béton, l’asphalte et la pierre empêchent la chaleur de s’évacuer. La température moyenne des grandes villes dépasse de 3 à 8°C celle qui règne dans la nature à la campagne: c’est le célèbre effet de l’îlot de chaleur. Une situation paradoxale.
La solution consiste-t-elle à partir s’installer au vert? On peut effectivement le formuler de cette manière. Sauf qu’il ne faut pas chercher cette verdure dans les maigres espaces dégagés qui subsistent encore à la campagne. Nous devons au contraire aménager nos villes et villages de manière à y intégrer davantage l’eau et la nature: des quartiers résidentiels traversés par des étendues d’eau et des rues ouvertes, des toits et façades couverts de végétation.
La nature et l’eau fonctionnent comme une sorte de climatiseur naturel en ville. Elles créent de l’ombre, font baisser la température grâce à l’évaporation et réfléchissent les rayons du soleil au lieu de stocker la chaleur comme le béton.

Inondations

Nous connaîtrons des périodes de sécheresse plus longues, mais aussi des précipitations plus intenses. Il y a précisément un an, nous avons vécu le printemps le plus humide depuis le début des mesures. Les arbres et plantes régulent naturellement la température, mais ils stockent aussi l’eau. En ville, les toitures et façades vertes sont en mesure de retenir une quantité non négligeable d’eau de pluie. En dehors des villes, de nouvelles zones naturelles et rivières sinueuses pourraient ralentir l’écoulement de l’eau, augmentant ainsi la probabilité que l’eau s’infiltre dans le sol de manière à alimenter les nappes souterraines. Avec l’imperméabilisation des sols, des volumes trop importants d’eau s’évacuent pour finalement être rejetés dans la mer. La nature peut nous aider à éviter les crues et les inondations. Un plan spatial adéquat qui intègre la nature, la verdure et l’eau constitue la meilleure protection contre les inondations et la sécheresse.
Dans la planification de nos villes et villages, on a longtemps jugé que la nature était superflue. Aujourd’hui, nous savons que la nature offre des avantages qui sont souvent plus efficaces et moins chers que d’autres solutions. C’est pourquoi les villes et communes font bien de veiller à ce que sur leur territoire la nature présente soit robuste, variée et saine. Investir dans de vastes surfaces d’eau et de nature dans les zones d’habitation devrait nous permettre de faire baisser sensiblement la température. Ce rafraîchissement n’est pas seulement agréable, il réduit également la note énergétique et peut même sauver des vies.


Lieven De Schamphelaere, président de Natuurpunt



 
Retour vers le sommaire >