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  INFO n° 69 - avril 2015    
 
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Vous avez dit sécheresse?
Un problème qui mérite toute notre attention!
 

Les inondations font immanquablement la une, mais ce qu’on sait moins, c’est que nos réserves d’eau s’amenuisent à vue d’œil. Les changements climatiques et l’urbanisation galopante jouent un rôle prépondérant dans ces deux phénomènes, mais il ne faut pas pour autant sous-estimer notre gestion des eaux souterraines et pluviales.
Dans les lignes qui suivent, nous allons nous pencher sur le problème de la pénurie d’eau et son impact sur la qualité de nos cours d’eau, notamment dans le district de l'Escaut.


Les causes de la sécheresse

La sécheresse est un phénomène connu depuis des dizaines d’années: cette sécheresse se définit comme un déficit structurel, induit par l’action de l’homme, de l’alimentation des nappes phréatiques.
La sécheresse provoque une baisse des quantités d’eau douce disponibles.

Elle peut avoir trois causes:
  • Une baisse permanente du niveau des nappes phréatiques au profit de l’agriculture: assèchement et drainage accéléré.
  • Des captages d’eau à usage industriel (agriculture et industrie), d’eau potable et d’eau destinée à l’irrigation.
  • D’autres causes: augmentation de la surface imperméabilisée et drainage.
Les conséquences de la sécheresse en cours sont encore aggravées par les changements climatiques. Par ailleurs, l’augmentation de la surface construite (villes et routes) joue également un rôle négatif, car, sur ces surfaces imperméables, l’eau s’évacue trop rapidement.


Faits et constatations

Le professeur Patrick Willems de la KU Leuven attire l’attention sur l’impact de la sécheresse sur les eaux de surface du fait des changements climatiques et de l’urbanisation.

Changements climatiques

Des recherches prévoient une baisse du niveau de l’étiage et une progression du déficit pluviométrique annuel, toutes deux provoquées par des périodes de plus en plus longues de sécheresse estivale. En été, le volume des précipitations risque de baisser de 60 %, le nombre de journées pluvieuses étant quant à lui susceptible de se réduire de moitié (baisse comprise entre 0 et 50 %) par rapport à aujourd’hui.
La température mensuelle moyenne augmenterait de 2 à 9 °C, ce qui favoriserait l’évaporation.
Selon les chercheurs de la KU Leuven, ces prévisions sont valables pour toute la durée du 21ème siècle.

Si les précipitations se font attendre trop longtemps dans le bassin hydrographique des rivières, l’eau douce risque de venir à manquer. L’agriculture, l’industrie, l’écologie et la production d’eau potable dépendent dans une forte mesure de cette eau douce.
La navigation intérieure a également besoin d’eau en quantité suffisante. Par exemple, en Flandre, on prévoit une baisse comprise entre 30 et 70 % des débits d’étiage1. Des étés secs peuvent donc avoir de graves conséquences!

Aujourd’hui, les ressources moyennes en eau à Bruxelles et en Flandre sont d’ores et déjà restreintes: elles s’élèvent à 1480 m³ par personne et par an. Selon les normes internationales, un débit de 2000 m³ est 'très peu élevé', tandis qu’un débit de 1000 m³ correspond à une 'grave pénurie d’eau'. Ces chiffres alarmants sont imputables principalement à une densité de population élevée. De plus, nous dépendons dans une grande mesure des régions voisines pour ce qui concerne l’alimentation en eau par le biais des rivières.

Urbanisation

L’urbanisation, et plus particulièrement l’imperméabilisation des surfaces qui en résulte, empêche l’eau pluviale de s’infiltrer dans le sol et d’alimenter les nappes phréatiques dans les zones pourvues d’un revêtement. En raison de l’augmentation et de l’accélération du ruissellement des eaux de surface, l’eau atteint plus rapidement les cours d’eau, si bien qu’elle n’est plus disponible localement en vue d’utilisations diverses. Il faut donc ponctionner les nappes phréatiques pour assurer l’alimentation en eau de la population urbaine.

Cycle dénaturé de l’eau de pluie dans un environnement urbain: écoulement d’eau en grande quantité, évaporation faible et infiltration très faible - source: Bruxelles Environnement Cycle durable de l’eau de pluie dans un environnement urbain: l’aménagement de zones vertes et d’espaces de stockage favorise l’évaporation et réduit le ruissellement - source: Bruxelles Environnement


Impact de la sécheresse sur la qualité de l’eau

La sécheresse est une question épineuse pour la nature, l’agriculture ou encore l’humanité, car en ce qui concerne la végétation et la croissance des plantes sauvages et agricoles, c’est la dynamique ainsi que la qualité des eaux souterraines peu profondes et des nappes phréatiques qui importent.

Lorsque la sécheresse et la chaleur se prolongent l’été, l’eau des cours d’eau se réchauffe. Or l’oxygène se dissout moins bien dans les eaux plus chaudes. De même, en période de sécheresse, l’apport en eau pluviale, riche en oxygène frais, se réduit. Une concentration correcte en oxygène dissous est pourtant essentielle à la vie aquatique et joue un rôle important dans les processus d’autoépuration.

Source: www.oasen.nl
L’eau de mer salée peut affluer dans les terres par les rivières et le sol, c’est ce qu’on appelle la salinisation. L’eau devient alors impropre à l’agriculture et à la consommation. Si les quantités d’eau charriées par les rivières diminuent en raison des changements climatiques, l’eau salée peut pénétrer plus à l’intérieur des terres, tandis que la frontière diffuse entre l’eau salée et l’eau saumâtre se déplace vers l’amont. En outre, le niveau de la mer monte, ce qui favorise également la pénétration de l’eau salée dans les terres.

L'eau de mer peut également s’infiltrer dans les nappes phréatiques au niveau des littoraux et des estuaires. L’eau coulant toujours vers le point le plus bas, l’eau salée percole en direction des masses d’eau souterraines, ce qui provoque leur salinisation dans les zones situées en dessous du niveau de la mer comme les polders. Les périodes de sécheresse s’accompagnent d’une hausse de l’infiltration d’eau saumâtre dans les polders. La faune et la flore caractéristiques des écosystèmes d’eau douce ne sont pas adaptées à la vie en milieu salin. Une élévation des taux de sel peut par contre favoriser la nature adaptée aux milieux salés.


Source: www.spaarwater.com

Dans certains cas, lorsque l’écoulement des eaux se réduit, la concentration en particules (nouvelles et pour la plupart non mesurées) augmente à la suite d’une réduction de la dilution des effluents rejetés par les STEP ou les industries, ce qui peut entraîner des conséquences négatives pour la santé publique (production d’eau potable), l’agriculture et la nature. Si les schémas d’évacuation des eaux des rivières évoluent, on s’attend à voir se multiplier les problèmes liés aux polluants, présents et futurs.


La pénurie d’eau, un défi

Pour lutter contre l’aggravation de la sécheresse et garantir ainsi la qualité des eaux de nos rivières, nous devrons gérer les eaux pluviales et les eaux souterraines avec davantage de discernement. Nous ne ressentons peut-être pas (encore) directement les conséquences de cette pénurie d’eau, mais inverser cette tendance à l’assèchement s’annonce comme un défi d’envergure.


Sources:
- 28/01/2015 - De Redactie - Beleid tegen watertekort dringt zich op >>
- 26/09/2014 - 11e Waterforum CIW: De effecten van verdroging als gevolg van de klimaatwijziging en urbanisatie op oppervlaktewater (2014) door Prof. dr. ir. Patrick Willems - KU Leuven Dept. Burgerlijke Bouwkunde - Afdeling Hydraulica >> - 2013 - VLM Buitenkans - Platteland vecht tegen watertekort >>
- 2012 - Klimaateffectenschetsboek West- en Oost-Vlaanderen >>
- Autorité fédérale - inondations et pénuries d’eau >>
- Rijksoverheid Nederland - Helpdesk Water >>
- Wageningen UR - Invloed klimaatverandering op laagwaterafvoer van de Rijn >>


1 Débit d’étiage: débit lorsque le niveau des eaux est bas.


 
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